« Les Femmes et la guerre » de George Barbier : le 𝑐𝑎𝑟𝑒 féminin au service de l’homme

Benjamin Forget

« Les Femmes et la guerre : Amazones et anges gardiens » est un dessin de George Barbier, artiste d’Art déco ayant joui d’une certaine renommée de 1912 jusqu’à sa mort en 1932 ; cette date correspond d’ailleurs au déclin du mouvement. L’image a été publiée le jeudi 17 juillet 19151 dans La Vie parisienne, hebdomadaire le plus lu sur le front français pendant la Première Guerre mondiale, notamment grâce aux offres de « marraines » de guerre2. L’hebdomadaire est surtout prisé par des officiers bourgeois, à qui il permet de « [s]uivre la vie menée à l’arrière3 » et de « cultiver une certaine grivoiserie4 », grâce à ses illustrations érotiques (qui se retrouvent même souvent sur la page de couverture). L’esthétique générale des dessins de Barbier est caractérisée par son aplat, ses arrière-plans très sobres ou pratiquement inexistants, et son inspiration helléniste ou, plus généralement, exotique5.

Leçon de morale illustrée

« Les Femmes et la guerre » est un diptyque occupant une double page de l’hebdomadaire. À droite, une vignette intitulée « En 1915 après Jésus-Christ : celles qui guérissent » présente une infirmière tenant par la main un soldat en rétablissement. Cette scène, se déroulant sous un pommier, est enjolivée de chérubins, qui évoquent la divinité et symbolisent l’amour, ce que pourrait corroborer le titre convoquant la figure de l’« ange gardien ». Dans la vignette à gauche, sous le titre « En 1915 avant Jésus-Christ : celles qui tuaient », est représentée une scène de combat entre deux Amazones et un soldat grec. Notre regard est d’abord attiré sur l’Amazone dont le corps occupe la zone centrale. De ce corps aux seins dénudés, les lances nous guident, tantôt vers la droite où se rencontre une autre guerrière dont on ne voit que le torse et la tête, tantôt vers la gauche où le regard suit la lance qui transperce le soldat grec, puis se pose sur le serpent ornant le bouclier du soldat.

La figure du serpent se retrouve aussi dans la reliure intérieure, c’est-à-dire à l’axe de symétrie. Dos à dos, deux serpents soutiennent une femme, dans une association qui n’est pas sans rappeler le récit de la Genèse, où Ève incarne la tentation et le mal. Notons que le serpent est absent de l’illustration de l’infirmière : celle-ci prend plutôt des allures de la Vierge, avec son voile et sa robe tous deux d’un blanc immaculé.

La composition de l’image est très symétrique, toutefois, les deux scènes s’opposent par leurs lignes de force : alors que la scène des Amazones guide l’œil vers le bas, c’est-à-dire vers le bouclier du soldat agenouillé dans le coin inférieur gauche, la scène de droite dirige notre attention vers le haut, où l’œil rencontre d’abord les deux visages, puis deux chérubins dans le pommier au coin supérieur droit. Par ailleurs, l’usage des symboles judéo-chrétiens que sont le serpent et le chérubin n’est évidemment pas neutre, indiquant rapidement quelle relation entre « femme » et « guerre » serait bonne et laquelle serait mauvaise. Ce jugement est aussi formulé à travers les temps de verbe utilisés en guise de titre : les femmes, quand elles participaient à la guerre durant l’Antiquité, « tuaient », alors que les femmes des temps présents « guérissent », contribuant ainsi, de manière appropriée à leur sexe, à l’effort de guerre.

Male gaze

La narrativité de l’illustration de Barbier semble vouloir d’un même geste condamner les guerrières – ici associées au serpent – et cautionner les infirmières – ici liées à la divinité. La composition du diptyque est une antithèse opposant les deux figures. Du côté de l’Amazone, l’œil descend jusqu’au motif du serpent : les femmes tuent les hommes. Du côté de l’infirmière, l’œil monte jusqu’au sommet du pommier où se trouvent les chérubins : les femmes prodiguent des soins aux hommes. Autrement dit, le récit de l’illustration donne une leçon de morale sur le rôle que les femmes devraient naturellement assumer et les range du côté du soin – de l’homme, en fait – tout en dévalorisant, ou en ignorant complètement, la forme de self-care associée à l’autodéfense et à l’empowerment qu’incarnent les Amazones.

On peut questionner la perspective masculine de l’artiste : « Les Femmes et la guerre » ne pense la relation entre femmes et guerres qu’en réfléchissant à son impact sur l’homme, à la fois celui représenté dans l’image et celui, dans les tranchés, qui consulte l’hebdomadaire largement diffusé. En effet, la nudité de l’Amazone n’est pas anodine, relevant de l’objectification coutumière du sujet féminin dans ce type de dessins : sa nudité a tout pour satisfaire le regard des lecteurs. Les mœurs de l’époque n’auraient pas permis de sexualiser une infirmière, qui était encore associée à l’imaginaire religieux et aux valeurs chrétiennes6, mais l’Amazone, guerrière sauvage, était un sujet qui s’y prêtait bien.

Les soldats, entourés presque uniquement d’hommes, « sont en manque de présence féminine7 » et, étant conscients de la probabilité de leur mort, cherchent à répondre à leur désir. Si l’on pense aux « quatre phases du care8 » proposées par Joan Tronto, ce manque de présence féminine – et de vie sexuelle – peut être envisagé comme un besoin que l’hebdomadaire prend en charge en fournissant des images érotiques et des offres de marraine de guerre. Les abonnés peuvent alors être pensés comme care receivers ou, étant donné la nature transactionnelle du service, care buyers9. Dans cette perspective, la représentation érotisée de la femme est vue comme le soin prodigué au lectorat masculin par La Vie parisienne.

Si, dans la représentation qu’en fait Barbier, l’Amazone « ne prend pas soin » de l’homme, elle n’en demeure pas moins une figure du soin d’autrui : elle défend l’idéal de sororité et, par sollicitude, elle prend soin de sa communauté10. Mais en opposant l’Amazone et l’infirmière, l’illustration fait croire que l’homme devrait être l’unique bénéficiaire du care féminin. Il y a un parti pris moral dans le choix de l’artiste de mettre côte à côte deux scènes qui ne se comparent pas spontanément, soit une scène de combat et une scène de soin. Le choix de faire ce rapprochement relève d’une rhétorique patriarcale où l’homme assigne aux femmes leur rôle :

The determining male gaze projects its phantasy on the female figure which is styled accordingly. In their traditional exhibitionist role women are simultaneously looked at and displayed, with their appearance coded for strong visual and erotic impact so that they can be said to connote to-be-looked-at-ness11.

Cette citation de Laura Mulvey explique les raisons qui poussent Barbier à sexualiser la représentation de l’Amazone, mais pas celle de l’infirmière. La puissance de l’Amazone – qui a le pouvoir de tuer l’homme, posant son regard sur lui qui ne peut le supporter – est atténuée par l’objectification qu’en fait Barbier en livrant sa nudité aux lecteurs ; à l’inverse, l’infirmière, humble et discrète, a les yeux fermés et la tête baissée alors qu’elle est l’objet du regard du soldat. Élargissant son rôle de care giver au-delà de son professionnalisme, elle va jusqu’à donner sa main au jeune homme.

L’image de Barbier, en prenant position sur le rôle de la femme depuis une perspective masculine, devient témoin du discours qui inféodait la femme à l’homme –, discours largement répandu en 1915. Cette cristallisation d’une pensée patriarcale dans l’illustration ne passe pas tant par les figures qui sont représentées que par sa manière de les représenter et par sa façon de les mettre en parallèle. Les valeurs du récit véhiculé par l’illustration de Barbier proviennent certes du contexte sociohistorique dans lequel s’est présentée l’œuvre, mais surtout de la perspective de l’artiste, probablement modulée par le lectorat attendu de La Vie parisienne.

Le male gaze est aussi derrière le choix de surnommer « ange gardien » l’infirmière. Selon Jacques Léonard, l’origine du lien entre les deux figures remonterait au moins au XVIIIe siècle :

[D]’une part, [les religieuses soignantes] tendent à remplacer les petits chirurgiens qui exécutaient, sous l’Ancien Régime, les tâches prescrites par les bonnets carrés – purges, saignées, pansements… ; d’autre part, elles accomplissent ce que le médecin, distant ou pressé, ne peut ou ne veut pas faire : il ne fait que passer, elles reviennent pour les corvées et s’attardent sur les plaies hideuses. On comprend mieux ici les éloges hyperboliques qui leur sont décernés : « anges de charité, de dévouement et de douceur », humilité volontairement assumée, leçon de christianisme12.

En situation de crise, il semble presque stratégique de tisser ce lien entre les deux figures. Pendant la Première Guerre mondiale, les infirmières françaises portèrent le sobriquet d’« anges blancs13 » (au masculin). Faut-il en comprendre qu’on appelle « anges » celles qui prodiguent des soins lorsque les autorités en place ont besoin de leur coopération14 ?

Si l’on compare « Les Femmes et la guerre » à d’autres représentations de l’infirmière datant de la Grande Guerre, on remarque que l’originalité de Barbier réside dans la comparaison avec l’Amazone qui, comme nous l’avons indiqué déjà, n’est utilisée par l’artiste que pour renforcer l’idée que les femmes ne devraient participer à la guerre qu’en adoptant le rôle délicat d’une figure du care, et plus encore, que ce care devrait bénéficier aux hommes. D’ailleurs, peu d’illustrations placent l’infirmière en dehors de sa relation avec le soldat ou l’homme en général15. Lorsqu’elles sont représentées seules, comme c’est le cas, par exemple, dans le portrait d’infirmière intitulé Dévouement (Henry Tenré, entre 1914 et 1918) ou le dessin L’infirmière (Leroy, 1914-1918 ), elles sont dans une posture forte, bravant le vent et conservant la tête haute. Dans une colonne du Figaro du 29 décembre 1915, le poète Émile Bergerat (1845-1923) parle des infirmières comme d’une « quatrième armée16 » qui participe à la guerre en usant « d’armes pieuses17 ».

Pourquoi les représentations de l’infirmière datant de la Grande Guerre n’illustrent-elles pas l’héroïsme ? Les femmes médecins – peu nombreuses à l’époque – n’ayant pas droit de pratiquer dans les hôpitaux militaires, plusieurs d’entre elles s’inscrivent à titre d’infirmières bénévoles, témoignant de la volonté des femmes à participer activement à la guerre au front. Il faut savoir que les infirmières, dans la guerre de 1914-1918, opérèrent les premières installations médicales et paramédicales sans assistance de médecin dans les infirmeries de gare18. Ces infirmières, comme les soldats, risquaient leur vie dans les bombardements et participaient à l’organisation du système de soin militaire, qui n’était pas prêt à faire face à la guerre lorsque celle-ci s’était déclarée. Ces quelques exemples démontrent bien l’héroïsme dont elles ont fait preuve, et pourtant, cette figure du care qu’est l’infirmière n’est représentée que dans sa coquetterie, dans sa douceur et sa fragilité – voire sa pureté idéalisée –, dans sa délicatesse envers l’homme, dans sa relation (souvent désireuse et impossible) avec lui.


Références bibliographiques

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« George Barbier and the birth of art deco », luxurytraveler.com (archivé par Wikipédia), https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.luxurytraveler.com%2FThe_birth_of_art_deco.html (page consultée le 26 novembre 2021).

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Mulvey, Laura, « Visual Pleasure and Narrative Cinema », dans Leo Braudy et Marshall Cohen (dir.), Film Theory and Criticism : Introductory Readings, New York, Oxford UP, 1999, p. 833-844.

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Samuel, Pierre, « Les amazones : mythes, réalités, images », Les cahiers du GRIF, no 14/15, décembre 1976, p.10-17, https://www.persee.fr/doc/grif_0770-6081_1976_num_14_1_1113(page consultée le 12 décembre 2021).

Tronto, Joan, « Du care », Revue du MAUSS, vol. 32, no 2, 2008, p. 243-265.

Trouillard, Stéphanie, « Prostituées et soldats, le couple indissociable de la Grande Guerre », France 24, 13 décembre 2014, https://www.france24.com/fr/20141213-sexe-prostitution-xxx-grande-guerre-bordel-militaire-poilus-soldat-putain-bmc-proxenete-syphilis(page consultée le 11 mars 2022).

Vaudoyer, Jean-Louis, George Barbier, Paris, Henry Babou Éditeur, coll. « Les artistes du livre », 1929.


  1. Voir la numérisation du numéro sur Gallica, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1253670p/f12.item (page consultée le 26 novembre 2021).↩︎

  2. Voir l’analyse de Catherine Bastien et Héloïse Downs, « Pour le baptême du “Filleul” », À votre service, https://avotreservice.net/analyses-iconographiques/bapteme-filleul (page consultée le 10 janvier 2022).↩︎

  3. Benjamin Gilles, Lecture de poilus : livres et journaux dans les tranchées, 1914-1918, Paris, Éditions Autrement, 2013, p. 242.↩︎

  4. Ibid.↩︎

  5. Voir notamment les illustrations pour Falbalas et Fanfreluches, tel que « Le long du Missouri » (1922), pour Les chansons de Bilitis (Pierre Louys, 1922) ou pour Le Carrosse au deux lézards verts (René Boylesve, 1921). Des reproductions de certaines illustrations se retrouvent dans : Jean-Louis Vaudoyer, George Barbier, Paris, Henry Babou Éditeur, 1929.↩︎

  6. La laïcisation du métier était bien entamée en 1915 ; les religieuses ne pouvant plus pratiquer dans les hôpitaux publics depuis 1905. Voir Bernard Marc, « Les infirmières dans les premiers temps de la guerre de 1914-1918 », Histoire des sciences médicales, tome XXXVI, no 4, p. 409-421.↩︎

  7. Stéphanie Trouillard, « Prostituées et soldats, le couple indissociable de la Grande Guerre », France 24, 13 décembre 2014, https://www.france24.com/fr/20141213-sexe-prostitution-xxx-grande-guerre-bordel-militaire-poilus-soldat-putain-bmc-proxenete-syphilis (page consultée le 11 mars 2022).↩︎

  8. Joan Tronto, « Du care », Revue du MAUSS, vol. 32, no 2, 2008, p. 248.↩︎

  9. Sur ce terme, voir l’analyse de Jérémy Champagne et Philippe Lambert, « “Les nouveaux appareils…” de Vald’Es : corps de femme et rires d’hommes », À votre service, https://avotreservice.net/analyses-iconographiques/valdes (page consultée le 11 mars 2022).↩︎

  10. Dans son article « Du care », Joan Tronto définit le care « comme une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre “monde”, en sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible » (loc. cit., p. 244).↩︎

  11. Laura Mulvey, « Visual Pleasure and Narrative Cinema », dans Leo Braudy et Marshall Cohen (dir.), Film Theory and Criticism : Introductory Readings, New York, Oxford UP, 1999, p. 833-844.↩︎

  12. Jacques Léonard, « Femmes, religion et médecine. Les religieuses qui soignent, en France au XIXe siècle », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 32, no 5, octobre 1977, p. 903.↩︎

  13. Émile Bergerat, « Les infirmières ou “la quatrième armée” », Le Figaro, 29 décembre 1915, https://www.lefigaro.fr/histoire/centenaire-14-18/2014/08/19/26002-20140819ARTFIG00062-les-infirmieres-ou-la-quatrieme-armee-1915.php (page consultée le 11 mars 2022).↩︎

  14. Au Québec, le contexte de la pandémie de COVID-19 a fait resurgir le sobriquet et, contrairement à l’usage qu’en avait fait Barbier, les « anges gardiens » (ou devrait-on dire « anges gardiennes », puisque, en date du 31 mars 2021, 89 % du personnel infirmier du Québec étaient des femmes) sont cette fois « sur le front ». Le discours médiatique semble avoir élargi le terme qui couvre l’ensemble des travailleurs et travailleuses du système de santé – ce qui déplacerait l’enjeu d’un male gaze vers une manipulation du discours à des fins politiques.↩︎

  15. Comme on peut l’observer dans la galerie d’À votre service (https://avotreservice.net/galerie#infirmi%C3%A8res), plus de la moitié des images d’infirmières, parues entre 1870 et 1945, représentent ou font explicitement référence aux soldats.↩︎

  16. Émile Bergerat, loc. cit.↩︎

  17. Ibid.↩︎

  18. Bernard Marc, op. cit., p. 415.↩︎

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