𝑀𝑎𝑑𝑎𝑚𝑒 đžđ‘‘đ‘€đ‘Žđ‘Ÿđ‘‘đ‘Ž : la prostituĂ©e qui dĂ©borde

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Caroline Hogue

 

Une femme en talons hauts, accoudĂ©e avec dĂ©sinvolture Ă  la rambarde d’un escalier, ses bas montant jusqu’à mi-cuisses mettant en valeur sa silhouette callipyge : ainsi est reprĂ©sentĂ©e Madame Edwarda dans une gravure de Hans Bellmer1. La femme vue de dos est sans conteste une « fille publique Â», pour reprendre les mots de Georges Bataille, campĂ©e dans l’environnement de la maison close, dont l’escalier (chemin vers les chambres oĂč le service sera rendu) est reconnaissable. Le personnage de Madame Edwarda dans le rĂ©cit Ă©ponyme de Georges Bataille – publiĂ© en 1941 sous le pseudonyme de Pierre AngĂ©lique – est bel et bien une prostituĂ©e « au service Â» de ses clients ; pourtant, malgrĂ© la fortune que connaĂźt son nom, peut-ĂȘtre galvaudĂ©e par l’aura de scandale qui nimbe plusieurs des rĂ©cits Ă©rotiques de Bataille, Madame Edwarda ne saurait rejoindre le panthĂ©on des personnages de prostituĂ©es de la littĂ©rature française. Pourquoi Madame Edwarda ne trouve-t-elle pas une place aux cĂŽtĂ©s de Boule de Suif de Maupassant, de Nana de Zola ou d’Esther, la cĂ©lĂšbre courtisane de Balzac ? Bien entendu, les XIXe et XXe siĂšcles engendrent des esthĂ©tiques et des imaginaires bien diffĂ©rents, mais la diffĂ©rence historique ne saurait Ă©puiser la rĂ©ponse Ă  cette question. Celle qui n’est pas tout Ă  fait un personnage se distingue d’autres figures de la prostitution parce qu’elle ne peut ĂȘtre astreinte Ă  une quelconque posture du care.

Le rituel prostitutionnel

Pourtant, c’est bien une scĂšne de prostitution qui ouvre Madame Edwarda2, alors que le narrateur, ivre dans les rues de Paris, se rend dans un bordel « vers les Glaces3 Â» (ME). Tous les termes de la transaction prostitutionnelle sont rigoureusement respectĂ©s dans les premiĂšres pages du rĂ©cit : le choix de la femme, l’imposition d’un code de conduite par la tenanciĂšre du bordel et, Ă©videmment, l’échange d’argent qui scelle la rencontre. S’ensuit « le rite grossier qu’est la dame qui monte, suivie de l’homme qui lui fera l’amour Â» (ME), la mise en scĂšne solennelle que rejouent sans cesse les acteurs du rituel de la prostitution et que rappelle l’escalier de Bellmer. Madame Edwarda serait donc liĂ©e au narrateur, obligĂ©e par les liens du contrat qui les unit, de « prendre soin de lui Â». Pourtant, il n’en est rien. Madame Edwarda rompt l’entente, elle excĂšde tous les termes de l’échange et met Ă  mal les limites qui donnent un cadre Ă  l’extase. Au moment oĂč elle quitte l’enceinte du bordel, le contrat ne peut qu’ĂȘtre rompu et le narrateur bascule dans l’espace du dĂ©bordement : « Ainsi vĂȘtue, elle m’échappa et dit : “Sortons !” Â» (ME) L’ordre dictĂ© par la prostituĂ©e dĂ©clenche cette Ă©chappĂ©e qui entraĂźnera le couple dans une course enfiĂ©vrĂ©e Ă  travers les rues de Paris, oĂč le narrateur est aux trousses de Madame Edwarda comme il poursuit avidement l’extase. Une fois les limites prescriptives du bordel enfreintes – par le dĂ©placement des personnages Ă  l’extĂ©rieur de l’enceinte de l’institution –, Madame Edwarda devient fuyante, inatteignable, toujours au-devant du narrateur – elle « gliss[e] Â», elle « cour[t] Â», elle « fui[t] Â» (ME) –, Ă  l’image de l’objet du dĂ©sir qui disparaĂźt au moment oĂč il est atteint. Dans le rĂ©cit de Bataille, il semble que le cadre prostitutionnel soit Ă©tabli dans la mesure oĂč il est nĂ©cessaire de l’excĂ©der pour atteindre la jouissance liĂ©e Ă  la transgression, jouissance toujours mĂȘlĂ©e d’angoisse.

Au-delà de l’antithùse

Le franchissement des limites physiques du lieu encourt le dĂ©bordement de la relation de soin qu’ordonne le rapport entre la prostituĂ©e et son client. C’est dĂšs lors l’excĂšs incarnĂ© par Madame Edwarda qui devient le moteur du narrateur, Ă  la fois fascinĂ© et rĂ©vulsĂ© par cette femme tantĂŽt qualifiĂ©e de « jolie Â» (ME), tantĂŽt comparĂ©e Ă  « une pieuvre rĂ©pugnante Â» (ME) ou Ă  « un tronçon de ver de terre Â» (ME). À l’instar de la pensĂ©e de Georges Bataille, Madame Edwarda est une figure de la transgression en ce qu’elle est sans relĂąche dans le dĂ©bordement des limites Ă©tablies, qu’elles soient imposĂ©es par la loi ou par son corps. C’est d’ailleurs son corps qui dĂ©borde lorsque, Ă  la fin de rĂ©cit, Madame Edwarda jouit dans une voiture de taxi, en compagnie du chauffeur : « la crue qui l’inonda rejaillit dans ses larmes Â» (ME). Comme un cours d’eau qui dĂ©borde de son lit, la jouissance expulse Madame Edwarda hors de son corps. Pour filer la mĂ©taphore aqueuse4, Madame Edwarda se rĂ©sume en une liquidation de soi, oĂč le trop-plein d’un liquide qui dĂ©borde et la consumation jusqu’à perte se rencontrent. DĂ©bordement ou perte, excĂšs positif ou nĂ©gatif, Madame Edwarda, Ă  la fois l’Ɠuvre et le personnage, se fraye un passage, se dĂ©verse, par-delĂ  toute limite, donnant corps au projet de Bataille, « qui touche Ă  une certaine limite de la pensĂ©e, une limite dont on s’approcherait en parlant – assez naĂŻvement – du secret du corps, c’est-Ă -dire de ce qui pousse Bataille Ă  ouvrir la philosophie sur ce qui ne peut s’énoncer que par l’obscĂšne5 Â». Secret du corps et corps qui sĂ©crĂšte, hors de ses limites, Ă  l’infini, sont Ă  penser ensemble pour accĂ©der Ă  l’indicible vers lequel l’écriture ne peut que tendre. D’ailleurs, Bataille Ă©crit, dans l’une des longues parenthĂšses oĂč une voix mĂ©tadiscursive s’insinue dans le rĂ©cit : « Ce livre a son secret, je dois le taire : il est plus loin que tous les mots. Â» (ME)

Bataille met en scĂšne l’excĂšs des limites – celles du corps, du langage, de la philosophie – bien plus qu’il ne les abolit, et ces pĂŽles sont exprimĂ©s dans l’écriture par une sĂ©rie d’antithĂšses : joie/mort, voluptĂ©/inertie, jouissance/ariditĂ© et cri du suppliciĂ©/allĂ©luia. L’antithĂšse est partout dans l’écriture de Bataille, comme procĂ©dĂ© littĂ©raire d’abord mais aussi comme manifestation de ces antinomies qu’il s’agit d’excĂ©der, puisque « l’ĂȘtre nous est donnĂ© dans un dĂ©passement intolĂ©rable de l’ĂȘtre Â» (prĂ©face de ME). Ce dĂ©passement serait Ă  la fois le propre et le but de l’ĂȘtre bataillien, intrinsĂšquement liĂ© Ă  la conscience et au dĂ©sir de sa propre mort. Dans la prĂ©face de Madame Edwarda, Bataille exprime l’idĂ©e d’un dĂ©sir de mort qui dĂ©borde sur la vie :  

Il existe un domaine oĂč la mort ne signifie plus seulement la disparition, mais le mouvement intolĂ©rable oĂč nous disparaissons malgrĂ© nous, alors qu’à tout prix, il ne faudrait pas disparaĂźtre. C’est justement cet Ă  tout prix, ce malgrĂ© nous, qui distingue le moment de l’extrĂȘme joie et de l’extase innommable mais merveilleuse. (PrĂ©face de ME ; l’auteur souligne.)

Bataille exprime l’idĂ©e d’une mort inscrite dans la durĂ©e, d’un processus de disparition inĂ©vitable – et jouissif – qui contrevient Ă  tout Ă©lan de conservation de soi. L’éthique du care appelle le prolongement de la vie par le soin prodiguĂ© Ă  l’autre6, alors que Madame Edwarda fait plutĂŽt basculer l’existence de son « client Â» du cĂŽtĂ© de cette lente dissolution. Cette relation qui contrevient au care est d’ailleurs inaugurĂ©e par « un baiser malade Â» (ME), prĂ©figuration du dĂ©passement de l’ĂȘtre qui adviendra dans les rues de Paris, oĂč le narrateur dĂ©clare :

Sans y avoir un instant songĂ©, je « savais Â» qu’un temps d’agonie commençait. J’acceptais, je dĂ©sirais de souffrir, d’aller plus loin, d’aller, dussĂ©-je ĂȘtre abattu, jusqu’au « vide Â» mĂȘme. Je connaissais, je voulais connaĂźtre, avide de son secret, sans douter un instant que la mort rĂ©gnĂąt en elle. (ME)

Le narrateur, malgrĂ© lui et Ă  tout prix – un prix qui d’ailleurs excĂšde le montant d’argent prĂ©vu par l’échange prostitutionnel initial – s’engouffre tout entier dans ce vertige de l’ĂȘtre que provoque la rencontre de Madame Edwarda.

Vertige

Devant Madame Edwarda, le narrateur est face Ă  un abĂźme, attirĂ© et angoissĂ© par le gouffre qui s’ouvre devant lui. En effet, Madame Edwarda est prĂ©sentĂ©e davantage par son absence, similaire Ă  un trou aux abords duquel on ressent le vertige du vide, comme cette cavitĂ© monstrueuse qui hante l’escalier dans la gravure de Bellmer. D’emblĂ©e prĂ©sentĂ©e comme un assemblage de trous inquiĂ©tants – son sexe, ses yeux, sa bouche et sa gorge, rĂ©seau d’orifices par lesquels la femme est donnĂ©e Ă  voir comme une chair intermittente –, le personnage fĂ©minin devient tout entiĂšre cette faille creusĂ©e par l’absence, semblable Ă  « une pierre noire Â» (ME). Ainsi, Madame Edwarda est « angoissante comme un trou Â» (ME) pour qui la frĂ©quente, en proie au vertige insoutenable propre au dĂ©passement de soi. Pour prendre soin, encore faut-il ĂȘtre dotĂ© d’un corps prĂ©sent Ă  l’autre, capable de prendre acte des besoins d’un corps faillible. Si Madame Edwarda a une fonction dans le rĂ©cit de Bataille, ce n’est ni de prendre soin du narrateur ni d’appeler une forme de sollicitude. La prĂ©sence-absence de Madame Edwarda dĂ©clenche une conscience existentielle du vide, vertige qui rappelle le saisissement du dĂ©passement de soi – que ce soit par la mort ou par l’extase. À ses cĂŽtĂ©s, le narrateur « devin[t] malheureux et se senti[t] abandonnĂ© comme on l’est en prĂ©sence de DIEU Â» (ME). Madame Edwarda, loin de combler un manque, loin de susciter le rĂ©confort d’une prĂ©sence rassurante, provoque plutĂŽt une impression d’abandon, une solitude exacerbĂ©e par la contexture du vide. À l’image de Dieu, elle place le sujet devant sa condition mortelle et l’attire hors de lui. À l’approche de la bĂ©ance qu’ouvre Madame Edwarda, le narrateur rencontre le sentiment du divin que dĂ©crit Bataille dans la prĂ©face : « Dieu n’est rien s’il n’est pas dĂ©passement de Dieu dans tous les sens Â». C’est Ă  travers la figure de Madame Edwarda, « une fille publique, en tout pareille aux autres Â» (prĂ©face de ME), que Bataille exprime ce continuel dĂ©passement propre Ă  Dieu7.

Si Madame Edwarda, bien que prostituĂ©e, ne peut ĂȘtre lue comme une figure du care, Bataille ne pratique pas non plus une Ă©criture de la bienveillance (il va sans dire). Le rĂ©cit Madame Edwarda s’ouvre avec une violence qui place le lecteur dans une position de vulnĂ©rabilitĂ© : « Je me sentais grandi. Je tenais dans la main mon sexe droit. (Mon entrĂ©e en matiĂšre est dure. [
] Je continue
plus dur
) Â» (ME) L’acte d’écrire et l’acte sexuel s’amalgament au dĂ©tour de la parenthĂšse, dans laquelle la « duretĂ© Â» du texte ne peut que rappeler celle du sexe de Bataille. La brutalitĂ© de l’écriture se rĂ©percute dans le traitement du personnage de Madame Edwarda, qui n’est qu’un prĂ©texte Ă  l’expĂ©rience Ă©rotique (et existentielle) du narrateur. Il semble que Bataille s’impose et s’insinue tout en entier dans le creux formĂ© par l’absence de Madame Edwarda. Alexandre Dumas pense Ă  ces personnages de prostituĂ©es, crĂ©ations chĂ©ries par de nombreux Ă©crivains :

Hugo a fait Marion Delorme, Musset a fait Bernerette, Alexandre Dumas a fait Fernande, les penseurs et les poĂštes de tous les temps ont apportĂ© Ă  la courtisane l’offrande de leur misĂ©ricorde, et quelques fois un grand homme les a rĂ©habilitĂ©es de son amour et mĂȘme de son nom8.

Bataille, quant Ă  lui, a plutĂŽt dĂ©fait Madame Edwarda, lui refusant tout care littĂ©raire, jusqu’à ne pas tout Ă  fait lui accorder le statut de personnage.


Références bibliographiques

Corpus primaire

Bataille, Georges, Madame Edwarda [livre numérique], Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1956 [1941].

Bataille, Georges, Madame Edwarda, frontispice de Hans Bellmer, Paris, Georges Visat, 1965.

Corpus secondaire

Dumas, Alexandre (fils), La Dame aux camĂ©lias, Paris, Gallimard, coll. « Classique Pocket Â», 1998 [1848].

Corpus critique

Belay, Boris « Le Secret du corps de Madame Edwarda (Bataille de la philosophie Ă  la limite de l’obscĂšne) Â», dans Andrew Hussey (dir.), The Beast at Heaven’s gate : Georges Bataille and the Art of Transgression, New York/Amsterdam, Rodopi, 2006, p. 13-21.

Finas, Lucette, La crue, Paris, Gallimard, 1972.

Kent, Rachel A., « The Scandalous Divinity of “Madame Edwarda” and “My Mother” : Georges Bataille’s Atheist “Theology” of the Incarnation, Community, and Ethics Â», dans The Late Medieval Origins of the Modern Novel, New York, Palgrave Macmillan, 2015, p. 127-147.

Laugier, Sandra et Patricia Paperman, Le Souci des autres : Ă©thique et politique du care, Paris, Éditions de l’École des hautes Ă©tudes en sciences sociales, 2011, https://books.openedition.org/editionsehess/11620#bibliography (page consultĂ©e le 11 aoĂ»t 2021).

Santi, Sylvain, « L’ƒil d’Edwarda Â», LittĂ©rature, vol. 4, no 152, 2008, p. 65-78.

Vanskike, Elliot, « Pornography as Paradox : the Joint Project of Hans Bellmer and Georges Bataille Â», Mosaic : a Journal for the Interdisciplinary Study of Literature, vol. 31, no 4, 1998, p. 41-60.


  1. Georges Bataille, Madame Edwarda, frontispice de Hans Bellmer, Paris, Georges Visat, 1965.↩

  2. Georges Bataille, Madame Edwarda [livre numĂ©rique], Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1956 [1941]. DorĂ©navant, les rĂ©fĂ©rences Ă  cet ouvrage seront indiquĂ©es entre parenthĂšses dans le corps du texte par le sigle ME.↩

  3. En plus de camper le rĂ©cit dans le dĂ©cor parisien, « les Glaces » (pour le Palais des Glaces) initient un rĂ©seau thĂ©matique orchestrĂ© autour du froid et du cassant, qualitĂ©s qui caractĂ©risent le personnage de Madame Edwarda. Le narrateur, au contact de la prostituĂ©e, « brise comme une vitre », il est « transi », voire « glacĂ© » ; il est fascinĂ© par « les glaces qui tapissaient les murs » de la chambre dans laquelle jouit pour une deuxiĂšme fois Madame Edwarda (ME).↩

  4. La crue (Paris, Gallimard, 1972), c’est d’ailleurs le titre d’un ouvrage dans lequel Lucette Finas propose une microlecture de Madame Edwarda.↩

  5. Boris Belay, « Le Secret du corps de Madame Edwarda (Bataille de la philosophie Ă  la limite de l’obscĂšne) », dans Andrew Hussey (dir.), The Beast at Heaven’s Gate : Georges Bataille and the Art of Transgression, New York et Amsterdam, Rodopi, 2006, p. 13.↩

  6. Sandra Laugier et Patricia Paperman dĂ©finissent ainsi le souci des autres, expression qui traduit une dimension du care : « Ni principe gĂ©nĂ©ral (ontologique), ni valeur morale abstraite, le souci des autres (autre traduction possible, que nous proposons ici) n’a rien de spectaculaire, il fait partie de ces phĂ©nomĂšnes vus mais non remarquĂ©s assurant l’entretien (en plusieurs sens, dont celui de la conversation et de la prĂ©servation) d’un monde humain. » (Le Souci des autres : Ă©thique et politique du care, Paris, Éditions de l’École des hautes Ă©tudes en sciences sociales, 2011, https://books.openedition.org/editionsehess/11620#bibliography [page consultĂ©e le 11 aoĂ»t 2021]).↩

  7. D’ailleurs, le rĂ©cit est sous-titrĂ© Divinus Deus, mettant sur un mĂȘme plan le nom de la prostituĂ©e et l’épithĂšte thĂ©ologique.↩

  8. Alexandre Dumas (fils), La Dame aux camĂ©lias, Paris, Gallimard, coll. « Classique Pocket », 1998 [1848], p. 42.↩

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