Diptyque des relations de 𝑐𝑎𝑟𝑒 dans 𝐶ℎ𝑎𝑖𝑟 𝑚𝑜𝑙𝑙𝑒 de Paul Adam

Clarence Lampron

 

Les romans de la prostitution, genre littéraire ayant pris de l’ampleur à la fin du XIXe siècle, ont fait couler beaucoup d’encre, notamment de la part de la critique littéraire spécialisée en naturalisme1. Des romans tels que Nana (1880) de Zola, La fin de Lucie Pellegrin (1880) de Paul Alexis, La Maison Tellier (1881) de Maupassant ou encore Virus d’amour (1886) d’Adolphe Tabarant s’inscrivent dans cet intérêt pour « les filles de joie », pour reprendre une expression de l’époque2. Ces romans relatent les déboires et les vies des « femmes vénales3 », qui fascinent alors les écrivains. Paul Adam participe à cette tendance littéraire que sont les romans de la prostitution en publiant Chair molle en 1885. L’œuvre présente les trois phases de prostitution de Lucie Thirache : d’abord dans un lupanar, puis en tant que maîtresse et finalement sur les trottoirs de Lille où elle « se livrait ainsi, au premier venu, pour vingt francs4 ». Le roman se termine sur l’agonie de la protagoniste, alors qu’elle meurt de la syphilis à l’hôpital Sainte-Eugénie.

Tout au long de l’œuvre, Lucie Thirache, malgré ses intentions récurrentes de mettre un terme à toute relation avec les hommes, reproduit le modèle prostitutionnel dans ses relations interpersonnelles, alternant les rôles de celle entretenue et de celle qui entretient. Dans son article « Du care », Joan C. Tronto identifie quatre phases du care : « se soucier de » (caring about), « se charger de » (taking care of), « accorder des soins » (care giving) et « recevoir des soins » (care receiving)5. Pour la présente note de lecture, je m’intéresserai seulement à une phase, que je me permets de dédoubler, soit « se charger de » (taking care of) et « être pris.e en charge » (being taken care of). Dans son article, Tronto souligne l’aspect monétaire que revêt cette phase du care alors qu’elle met l’accent sur la distinction entre « se charger de » et « accorder des soins » :

À cet égard, procurer de l’argent correspond davantage à une forme de « se charger de » qu’à une forme du soin. La raison qui conduit à insister sur cette distinction est importante. L’argent n’apporte pas de solution aux besoins humains, même s’il procure les ressources grâce auxquelles ils peuvent être satisfaits6.

Puisque les relations dans Chair molle sont construites sur l’« entretien » de l’autre qui consiste à combler tous ses besoins par l’argent, la dyade « se charger de » et « être pris.e en charge » semble être le meilleur moyen pour observer de quelles manières se construisent les relations de care dans le prisme de la prostitution.

Être pris.e en charge (being taken care of)

Le roman de Paul Adam s’articule, dès son commencement, autour de la conception de ce qu’est la liberté selon Lucie Thirache, soit devenir la maîtresse d’un homme riche qui pourra combler tous ses désirs :

Elle la voyait s’efforcer à séduire Eugène. Sans doute ce garçon était riche, puisqu’on montrait tant d’empressement à lui plaire. Peut-être celle qui saurait le captiver parviendrait-elle à obtenir sa sortie du lupanar, à devenir sa maîtresse… Quel bonheur, si elle pouvait s’en faire aimer ! Elle serait libre, luxueusement entretenue. Et elle résolut accaparer pour elle seule, les attentions du mâle, charmée par l’espoir d’une vie indépendante et large. (CM, 25)

Sa conception de l’amour et du bonheur se calque sur une relation monétaire, reproduisant le modèle de la prostitution : en échange de services sexuels, le client/homme offre une somme d’argent à la prostituée/maîtresse.

L’idée de la liberté véhiculée par la protagoniste guidera ses actions tout au long du récit. Dans la première phase du roman, Lucie Thirache est prise en charge par le lupanar, soit une maison close dirigée par une femme nommée la Donnard. Les « filles » (CM, 38)  –  celles qui travaillent au lupanar sont nommées ainsi par la narration  –  entretiennent des relations sexuelles avec des clients, et les sommes amassées sont versées à la tenancière du lupanar pour rembourser les dettes qu’elles contractent dès leur entrée dans la maison close (loyer, vêtements, mobilier). Lucie Thirache est immédiatement rebaptisée « Nina » par la Donnard. Ce procédé de nomination souligne l’interchangeabilité des filles qui travaillent dans la maison close : « On lui imposait un nom, une livrée ; on l’accommoderait, on la ficellerait au goût des pratiques, comme une chose sans volonté. Désormais son devoir était de plaire, plaire à tous, sans répit » (CM, 11). Les filles se sont vendues à la maison close pour entretenir leurs besoins primaires (se nourrir, avoir un toit et une protection). La relation de care qui en résulte est le modèle de la prostitution ordinaire : une femme comble les désirs sexuels d’un homme afin d’être « prise en charge » par le lupanar.

Suite à une inspection médicale forcée et malgré ses supplications à la Donnard de la garder, Lucie Thirache est envoyée à l’hôpital puisque des plaques rouges apparaissent sur ses parties génitales : ainsi commence la deuxième partie du récit. Il s’agit de la seule relation de care que la protagoniste connaît hors de la sphère prostitutionnelle, alors qu’elle reçoit des soins (care receiving). Envoyée à l’hôpital sous contrainte, apeurée par des histoires de torture et d’abus qui circulent au lupanar, Lucie Thirache y trouve finalement tout le contraire de ce qu’elle craignait :

La fille était heureuse de ces soins. Patiente et soumise, elle avait intéressé le docteur, toutes les gardiennes. On la dorlotait plus qu’une autre, comme une grande enfant. Et, dans les heures où l’obsédante pensée de sa maladie la quittait, elle se sentait à l’aise, dans ces draps blancs, entourée de ces personnes silencieuses et propres qui l’aimaient, et certes la guériraient. […] Pour lui plaire, elle lisait le soir, une prière très longue, où elle demandait à Dieu la grâce de se bien conduire. (CM, 92-93)

Lors de ce moment de plénitude, la protagoniste se fait la promesse de ne plus jamais se lier à un homme : elle compte reprendre son métier de couturière qu’elle occupait auparavant. Elle évacue l’homme  –  et le client  –  de toute relation qu’elle compte nouer, décidant plutôt de le remplacer par la religion.

Le moment est de courte durée, puisqu’elle décide de se rendre à Arras pour devenir chanteuse au Café des Allées, à l’invitation de Dosia, une femme ayant passé sa convalescence à l’hôpital dans le lit voisin de Lucie. Elle prend comme nom de scène « Nina », ce qui souligne la proximité entre le rôle de prostituée et d’artiste de scène, deux professions qui se déploient sous le regard masculin et qui sont axées sur la séduction des clients. À cause de cette proximité entre les deux professions sera brisée la promesse de Lucie : peu après être devenue chanteuse et sous la pression de Dosia, Lucie prend pour amant Charles, un officier qui lui soumettra des sommes d’argent en échange de faveurs sexuelles. Elle devient sa maîtresse tout d’abord à contrecœur, consciente que sa maladie est étroitement en lien avec son métier de prostituée : « Elle s’était d’abord donnée à lui par calcul ; cette liaison était un moyen commode de remettre en ordre sa garde-robe usée et d’échapper à l’importune surveillance de la police. Et elle se promettait bien le lâcher après la réalisation de ces avantages » (CM, 141). Malgré son désir d’utiliser l’officier pour ses propres fins, Lucie prend goût à être entretenue par un autre, et elle se soumet finalement, corps et âme, à une nouvelle relation prostitutionnelle :

Jeune, vigoureux, il avait besoin d’une femme, un besoin tout charnel ; et il voulait surtout être payé de ses dépenses par la satisfaction de son amour propre. Les compliments que sa maîtresse lui valait, les envies jalouses qu’il excitait, lui devaient être de captivantes flatteries. Et la fille avait su devenir telle qu’il la désirait. (CM, 143)

Alors qu’elle comptait utiliser Charles pour assouvir ses propres désirs (autonomie financière et autonomie de mouvement dans une ville qui ne tolère pas les femmes seules), Lucie consolide la relation prostitutionnelle en devenant une fois de plus un objet de désir et de regard masculin, ayant pour seule tâche de « plaire ».

Sa relation avec Charles rompue  –  j’y reviendrai dans la deuxième partie de la présente analyse  –, Lucie Thirache prend le train pour Lille, prompte à se promettre encore une fois de ne plus jamais toucher à un homme : « […] mais plus que tout, elle était heureuse en songeant qu’elle échapperait aux hommes ; et il lui semblait que ne plus coucher avec les mâles, serait leur infliger juste vengeance, cruelle et délicieuse » (CM, 184). Cependant, elle ne peut se résoudre à sa promesse encore une fois, puisque la prostitution est son seul revenu. Elle commence donc à vendre son corps à son propre compte, sur les trottoirs de Lille, n’étant prise en charge par personne. Après avoir été battue par deux clients et ne recevant aucune protection, la protagoniste succombe aux avances de Zéphyr, lui promettant de l’aimer et de l’entretenir. L’incapacité de Zéphyr à faire assez d’argent pour eux deux force toutefois Lucie à reprendre la prostitution, mais pour mieux renverser le modèle prostitutionnel : désormais, ce ne sera plus Lucie Thirache qui se prostituera pour être entretenue, mais plutôt pour entretenir les autres.

Se charger de (taking care of)

Dès la première phase du récit en maison close, et malgré son rêve d’être entretenue luxueusement par un homme riche, la protagoniste prend goût à entretenir Léa, une autre prostituée avec qui elle développe une relation :

Elle ressentait aussi une vindicative jouissance à verser en ses mains tout l’or de ses profits ; la chair en vente perpétuelle achetait de la chair à son tour ; elle, toujours possédée, possédait enfin. Et elle entendait jouir de cette possession dans toute sa plénitude. Léa ne devait jamais la quitter ; à un asservissement de toutes les minutes Lucie astreignait son amante, heureuse d’imiter les mâles qui la tenaient elle-même, sans un répit, à leur disposition. (CM, 78)

Lucie opère un véritable renversement : de fille vendue, elle devient celle qui achète les autres et les soumet à son propre désir à travers la prise en charge monétaire de l’autre. Elle détourne également la relation prostitutionnelle, qui, tout au long du roman, implique seulement la dyade homme/client et femme/prostituée. La relation de Léa et de Lucie évacue le regard masculin pour se tourner vers le désir au féminin. Les deux filles seront séparées abruptement par la visite médicale de Lucie qui conduira à son expulsion du lupanar.

Le renversement effectué par la protagoniste dans la relation qu’elle tisse avec les autres sera reproduit avec Georges. Dans la deuxième partie du récit, alors que Charles est stationné à Dunkerque et que Lucie éprouve un ennui profond à être seule, elle se fait un nouvel amant, Georges. Ce qui est intéressant dans cette relation est le fait que Lucie utilise l’argent envoyé par Charles depuis Dunkerque pour entretenir Georges. La relation qui en résulte est dédoublée, alors qu’à chaque extrémité trônent les amants et en son milieu, Lucie. La narration justifie ce retournement en révélant la sexualité déviante de la protagoniste :

L’hystérie, ravivée par une continence de quelques jours, un ennui insurmontable, l’avait jetée dans les bras de Georges. Elle lui avait cédé aussitôt, sans réflexion. Elle épuisait ce mâle robuste, lui préparait, elle-même, des mets excitants, l’entretenait dans un rut continu. Cette occupation l’avait toute absorbée. Elle vivait indifférente du lendemain. (CM, 170)

Paul Adam présente son personnage principal comme une femme qui, parce qu’hystérique, ne peut s’empêcher d’avoir des relations sexuelles, incarnant « la figure de “la fille folle de son corps”7 ». Le féminin est ici vu à travers le prisme de la prostitution, puisque « [l]a prostituée symbolise la déviance féminine par excellence en matière de sexualité. Allant à l’encontre de la morale bourgeoise et des habitudes de leur lectorat, ces écrivains témoignent d’une fascination pour la marginalité qui ne va pas de soi8 ». L’ambivalence des relations de care entretenue par Lucie Thirache serait donc expliquée par une sexualité qui serait marginale. L’auteur présente sa protagoniste comme une femme incapable de maintenir une relation personnelle stable car elle ressent un besoin impérieux d’avoir des relations sexuelles avec les hommes. Si elle n’est pas comblée sexuellement  –  par le biais de la prostitution ou par l’entremise d’un amant  –, ses liaisons interpersonnelles s’effritent.

Son idylle avec Georges sera interrompue abruptement, alors que Charles, suspect, revient à Arras et surprend les deux amants dans sa chambre. La relation à trois, où la protagoniste occupait à la fois deux rôles  –  celle qui est entretenue et celle qui entretient, sera brisée lorsque l’argent procuré par Charles ne fera plus partie de l’équation :

– Eh bien ! qu’est-ce que nous faisons ? demanda-t-elle ?

– Oh ! fais ce que tu voudras, ma fille ; moi je me sauve, en attendant.

– C’est comme ça que tu me lâches, après ce que j’ai fait pour toi ?

Georges eut un mouvement de colère :

– Comment ce que tu as fait pour moi ! Espèce de putain. Mais c’est toi, tu m’as attiré chez toi, malgré moi. C’est de ta faute si tout ça m’arrive peut-être. Tu as fait si bien, que je ne pourrai plus me marier. Ah ! tu veux que je t’entretienne encore, Mademoiselle. Oh ! tu peux bien aller pourrir où tu voudras, ça m’est tout à fait égal.

Et il s’éloigna furieux, rapide, sans tourner la tête. (CM, 178-179)

Toutes les relations que Lucie Thirache entreprend sont liées à l’argent : sans fonds monétaire, la relation devient impossible.

Mais l’état des relations de la protagoniste ne sera pas amélioré, même si l’argent ne manquera pas. Ce sera le cas dans la partie finale du récit. Malgré les promesses de Zéphyr de prendre soin d’elle, l’absence de capital pousse Lucie Thirache à se prostituer à nouveau sur les trottoirs. Elle entretient Zéphyr grâce aux sommes amassées, lui faisant connaitre les voluptés d’une « vie commode », notamment « une excursion en Belgique » ou encore « une débauche de charcuterie arrosée de bière blanche » (CM, 226). En inversant le modèle prostitutionnel, la protagoniste perd son statut d’objet dont l’unique but est de plaire, statut que Zéphyr cherchera à obtenir de la part d’autres prostituées :

Chaque nuit de découchée, les lupanars le recevaient ; il fut bientôt connu des filles, choyé comme une bonne pratique. Et, dans une inconsciente comparaison, il en vint à trouver ennuyeuse Lucie, lui préféra ces femmes, toujours disposées à le satisfaire, et toujours paraissant gaies. Elle, souvent, répondait par une parole dure à ses demandes amoureuses, dans une lassitude de l’homme, dégoûtée, enfin, par la continuelle prostitution de sa chair. (CM, 226-227)

La relation à trois qui est développée n’est pas sans rappeler la triade Charles/Lucie/Georges. Dans le cas présent, c’est plutôt Lucie qui se trouve à une des extrémités : elle donne l’argent à Zéphyr, qui l’utilise pour acheter le corps des filles au lupanar. D’un homme bon qui avait déclaré son amour à Lucie pour la protéger et prendre soin d’elle, il devient un être violent et colérique : « Et, dans le flot de ses injures, Zéphyr aggravait sans cesse le même reproche : il accusait Lucie de l’avoir perverti » (CM, 229).

Même si les finances du couple sont stables (tant et aussi longtemps que Lucie réussit à se vendre), la relation de care développée entre les deux personnages ne peut se maintenir. Lucie Thirache continue de se prostituer pour Zéphyr, prise dans un rouage toxique dont elle ne sait comment se sortir, se prostituant jusqu’à sa mort : « Mais au sommet de l’occiput, Lucie devait ramener ses cheveux en haut chignon, suivant la mode, pour dissimuler la tache brune, qui chaque jour grandissait. Lorsqu’elle put sortir, elle recommença [sic] se vendre à tous, entretenir son amant » (CM, 233). La syphilis que couve la protagoniste ressurgit, provoquant son agonie qui clôt à la fois sa vie et le roman. Rappelons-le, la « femme vénale » est un thème récurrent des romans de la prostitution, là où « le corps syphilitique de la prostituée reflète la maladie du corps social […], [l]e corps féminin de la prostituée est une menace contre l’ordre social ; sa maladie devient emblématique d’une corruption généralisée9 ».

Ainsi, Chair molle de Paul Adam met en scène « la maladie du corps social » évoquée par Marjorie Rousseau. Lucie Thirache oscille entre deux types de relation de care, soit « être pris.e en charge » (being taken care of) et « se charger de » (taking care of), relations qui chaque fois échouent. La déviance de la sexualité féminine, qui va de pair avec l’hystérie, en serait la première cause. Le manque d’argent ou l’avilissement causé par celui-ci en serait la deuxième. La protagoniste elle-même, dans la dernière partie du récit, réussit à mettre les mots sur la nature des relations qu’elle entretient tout au long de l’œuvre : « Mais, déjà, elle s’avouait que cet homme ne lui plaisait plus. Comme les autres, il cherchait à l’exploiter, et puis, franchement, elle s’était fait illusion » (CM, 227). Le modèle prostitutionnel, même lorsque renversé et étudié grâce au prisme du care, se rapproche de l’exploitation. Pour l’argent, les personnages s’utilisent les uns les autres à des fins personnelles, le plus souvent sexuelles. Ce sera étrangement seulement à travers la maladie, et les soins prodigués par les médecins et les infirmières, que Lucie Thirache aura réellement connu la sollicitude.


Références bibliographiques

Corpus primaire

Adam, Paul, Chair molle, Bruxelles, Auguste Brancart, 1885 (le texte intégral est disponible sur Wikisource : https://fr.wikisource.org/wiki/Chair_molle).

Corpus critique

Étude sur Chair molle

Coppin, Valentine, Paul Adam. L’écrivain, la littérature, le genre, thèse de doctorat, Université de Lille, 2019.

Études sur l’œuvre de Paul Adam

Beaunier, André, « Revue littéraire : Paul Adam », Revue des Deux Mondes, vol. 55, no 3, 1920, p. 687-698.

Berthier, Patrick, « Balzac au miroir de Paul Adam », L’Année balzacienne, vol. 1, no 5, 2004, p. 39-57.

Duncan, J. Ann, « The Early Novels of Paul Adam », The Modern Language Review, vol. 69, no 3, 1974, p. 534-540.

Genest, Isabelle, Intellectuels et décadence durant la Belle Époque : les cas d’Octave Mirbeau et Paul Adam, thèse de doctorat, Université de New York, 2001.

Études sur le roman de la prostitution

Cabanès, Jean-Louis, « Invention(s) de la syphilis », Romantisme, no 94, 1996, p. 89-109.

Choquette, Leslie, « Degenerate or Degendered ? Images of Prostitution and Homosexuality in the French Third Republic », Historical Reflections, vol. 23, no 2, 1997, p. 205-228.

Dottin-Orsini, Mireille, « L’amour de la femme vénale : la prostituée et “l’homme qui n’est pas de son milieu” », Littérature, no 64, 2011, p. 203-215.

Grojnowski, Daniel et Mireille Dottin-Orsini, Un joli monde. Romans de la prostitution, Paris, Robert Laffont, 2008.

Lang, Roswitha, Romans de la prostitution : Eine Analyse der Fiktion in Bezug auf die Realität im 19. Jahrhundert, mémoire de maîtrise, Université de Vienne, 2010.

Manin, Lise, « Enquête sur les corps dénudés au XIXe siècle. Les insuffisances du scandale », Hypothèses, vol. 1, no 16, 2013, p. 179-190.

Rousseau, Marjorie, « Exhibition de la marginalité et déviance du discours : les récits de la prostituée des années 1880 en France et en Espagne », TRANS -, no 13, 2012, p. 1-11.

Roy-Reverzy, Éléonore, Portrait de l’artiste en fille de joie : la littérature publique, Paris, CNRS éditions, 2016.

Autre

Tronto, Joan C., « Du care », Revue du MAUSS, vol. 2, no 32, 2008, p. 243-265.

Wicky, Érika, « Ce que sentent les jeunes filles », Romantisme, vol. 3, no165, 2014, p. 43-53.


Répertoire des citations

Page 5 : Lucie haussa les épaules, attristée. On allait la traiter ainsi, tous. Cette jeune fille avait une grande chance d’être riche ! Elle ne subirait jamais les mépris. Au fond, elle ne valait pas mieux qu’elle, certainement, mais elle n’avait pas consumé son enfance et sa jeunesse dans les ateliers de couture, courbée en deux, tout le jour, sur les étoffes puant le neuf, torturée par les crampes d’estomac, désirant avec passion, comme le seul plaisir gratuit, les amourettes du soir ; elle n’avait pas connu le rapide entraînement des amourettes aux amours sérieuses, aux collages qui vous donnent le goût des amusements et l’inhabitude du travail ; puis les tromperies, les débauches, la dèche invincible et pour finir le bordel ! Voilà la vie quand on n’a pas le sou !

Pages 8-9 : Ce spectacle charma Lucie Thirache. Au moins elle était tombée en une maison fréquentée par des gens riches et propres : ça se voyait tout de suite. Et, au-delà du vitrage, dans les salles, ce devait être plus magnifique encore. Elle aurait bien voulu voir, mais la grille empêchait d’entrer. Son désespoir reprit la fille ; elle se vit captive derrière cet infranchissable obstacle, enchaînée pour le plaisir des autres.

Page 12 : Sans flatterie, elle était charmante et pouvait se l’avouer. Dire qu’il allait falloir vendre tout cela ! Au moins, ils en auraient pour leur argent, les hommes ! Et c’était là, au milieu de ces meubles, qu’elle détaillerait son amour à tout venant.

Page 62 : Des larmes vinrent aux yeux de la fille, quand il fallut remettre son chapeau. Ses regards étaient si troublés, qu’elle tourna ses brides à l’envers et eut beaucoup de mal à faire son nœud. Elle maudissait la patronne qui les ramenait à la boîte, où on allait les coffrer pour un long temps. Il fallait qu’elle fût sans cœur, cette femme-là pour torturer ainsi de pauvres filles. D’ailleurs, il n’y avait pas à se plaindre, puisqu’on s’était vendue ? Et ce mot « vendue » résonnait à son oreille sans arrêt.

Page 75 : Elle ne travaillait plus. Elle était toute à cette affection qui la distrayait de sa vie monotone, éloignait les souvenirs tristes, les appréhensions terrifiantes. Et elle trouvait un ineffable plaisir à procurer à cette fille toutes les joies, à veiller à son bien-être avec une constante sollicitude. En retour elle recevait des caresses, des protestations d’amitié et de dévouement qui la charmaient.

Pages 85-86 : Elle se souvint : le règlement voulait que les femmes arrêtées à la visite, fussent conduites à l’hôpital, dans la journée. Aussitôt, cette idée d’hôpital la terrifia. Elle y voyait à la fois une prison, un lieu d’infamie et de torture, elle s’écria :

– Oh non ! Madame, vous ne me laisserez pas partir, n’est-ce pas ?

– Mais tu sais bien que je n’y puis rien, fit la Donard, étonnée de cette résistance.

– Oh ! gardez-moi chez vous ; vous me cacherez quelque part, où vous voudrez, mais pas l’hospice ; oh non ! pas l’hospice, je ne veux pas.

Elle éclata en sanglots. Sa terreur était au comble. Il lui semblait que si elle allait là-bas, tout serait fini ; elle mourrait seule, abandonnée à la merci des carabins, et, en un instant, toutes les accusations qu’elle avait entendu proférer contre les hôpitaux lui revinrent à la mémoire. Elle se vit opérée douloureusement, battue par les sœurs, affamée ; on l’étendait sur des tables de marbre à côté d’instruments tranchants, et l’image de son corps tout semé de plaques rouges, tout bossué d’ulcères, venait encore s’imposer à elle impitoyablement, augmentait son désespoir. Soudain elle se rappela une histoire contée par Léa ; une patronne, à Paris, avait su soustraire ses filles aux investigations de la police.

Page 97 : Dès lors la religion les prit toutes. Lucie rejeta son besoin d’affection sur Jésus-Christ, ce dieu qu’on leur montrait si bon, qu’elle voyait si beau, si délicat avec les femmes, si peu semblable aux autres hommes. Elle baisait le crucifix, elle disait à Dosia ses pieuses pensées en s’étonnant de la voir moins fervente. Mais son amie lui fit comprendre que la religion avait, pour elles, d’autres avantages. N’était-ce pas un sûr moyen d’être encore privilégiées et d’obtenir les meilleurs morceaux ? Leur journée était toute de dévotion. Elles disaient des chapelets pour leurs parents, pour la sœur, pour la conversion du docteur.

Pages 103-104 : Ainsi, manifestement, la Vierge lui avait promis assistance. Cette vision qu’elle avait eue était un sûr garant de la bienveillance divine. Elle serait sauvée, siégerait à la droite de Marie, parmi les anges, et jouirait du bonheur céleste. Cette marque de la bonté suprême n’avait rien, d’ailleurs, qui dut la surprendre. Elle avait tant prié. Et puis, au 7 même, elle avait toujours eu un grand respect pour la religion : elle était seule à ne pas se moquer de la dévote Émilia ; elle avait suivi plusieurs fois ses pieux conseils. Elle commencerait une neuvaine pour cette véritable amie,  –  dès demain,  –  car maintenant elle ne pouvait plus ; cette apparition l’avait bouleversée, fatiguée, ses genoux lui faisaient mal. Et faire de nouvelles oraisons, à présent, serait abuser de la mansuétude infinie.

Page 105 : Comme c’était vilain de penser à ces choses ! Elle allait encore retomber dans le péché ; ce serait bien mal, trahir ainsi la confiance de Dieu, quand on venait de recevoir une si grande marque de sa bonté.

Page 139 : Elles rirent beaucoup. Dosia s’était assise sur le lit et, elle baisait sa bonne Nina, tâchait à la convaincre par des câlineries. Lucie Thirache, obstinément, refusait ; enfin, elle ajouta :

– Non, vois-tu, pas aujourd’hui ; il faut que je me soigne, aujourd’hui. C’est demain la visite et j’ai une peur bleue, deux jours d’avance.

– Tu es folle, tiens ! Ah ! bien, voilà encore quelque chose qui n’arriverait pas, si tu voudrais [sic] te mettre avec Charles ; il connaît très bien le commissaire ; il le voit tous les jours au café. Ainsi, Émile, il va me faire décarter bientôt. Eh bien, si tu voudrais [sic], Charles te ferait décarter aussi.

– Oh ! ça, ce serait une rude veine ! s’écria Lucie. Et elle insista, demandant si c’était bien vrai. Mais, tandis que Dosia répondait, elle, déjà, n’écoutait plus. Elle se voyait affranchie, enfin, de cette sujétion humiliante, sans avoir à subir, chaque semaine, la blague des carabins, la brusquerie du docteur. Et tous ces ennuis devaient disparaître si seulement elle voulait devenir la maîtresse d’un jeune homme très bien, un officier, un joli garçon. Mais, de nouveau, le souci de sa bonne santé l’arrêta. Se coller avec ce type n’était-ce pas s’exposer à une rechute du mal ? Très hésitante, elle donnait à peine une molle dénégation aux instances de Dosia qui, sans cesse, lui répétait :

– Là, vrai, si tu ne veux pas venir je ne te parlerai plus jamais. C’est pas la peine d’avoir une amie, si elle ne veut pas se promener avec vous. D’abord, ça ne t’engage à rien.

Pages 141-142 : Lucie Thirache était devenue la maîtresse de l’officier Charles. Elle s’était d’abord donnée à lui par calcul ; cette liaison était un moyen commode de remettre en ordre sa garde-robe usée et d’échapper à l’importune surveillance de la police. Et elle se promettait bien le lâcher après la réalisation de ces avantages. Mais, par degrés, à son insu, elle prit le goût de cette vie nouvelle. Elle découvrait chez son amant des qualités ; c’était un homme distingué, aimable, très gracieux et très beau dans le collant uniforme. Un orgueil de l’avoir conquis. Elle résolut l’accaparer et, pour retenir constamment l’officier, pour lui rendre agréable le séjour de la chambre commune, elle arrangea cette chambre avec un soin minutieux. Les hardes furent pendues dans les placards, les objets de toilette disposés en ordre ; les chaises, les fauteuils, débarrassés du fouillis qui les encombrait, luirent d’une propreté soigneusement entretenue.

Page 151 : Elle dormirait seule, elle aussi ; comme ce devait être ennuyeux ne plus se voir aimer, ne plus sentir en dormant le contact des lèvres fines collées à sa chair. C’était bien fini. Tous deux allaient rester sages durant un mois. Oh ! certainement elle resterait sage, elle n’y voulait point même songer. L’idée d’une infidélité faite à Charles lui paraissait monstrueuse.

Pages 166-167 : – Tu es folle, n’est-ce pas ? C’est idiot ce que tu fais là. Comment, tu as un amant qui te donne tout ce qui te faut et tu lui fais la queue comme ça, avec le premier imbécile venu ! Ben vrai, si on m’avait dit ! Tu devrais pourtant faire un peu attention à toi, après tout ce qui t’est arrivé !

Lucie Thirache resta étourdie sous ces reproches, répétant :

– Ben, quoi ? Qu’est-ce que t’as ?

– Oui, oui, tu sais bien ce que j’ai. Et cette espèce d’abruti qui est là-haut dans ton lit ?

Alors Lucie, injuriée, se révolta :

– Abruti ! Il l’est moins que toi, abruti, pour sûr ! Et puis, d’abord, est-ce que je suis pas libre ? Ça te regarde pas. Et puis, t’as pas besoin de gueuler comme ça, pour ameuter le monde.

Soudain elle se radoucit, donna des raisons. Elle s’en fichait pas mal, elle, de son amant. Il pouvait bien la lâcher. Elle saurait en trouver d’autres ; des hommes, ça avait toujours besoin de femmes. Et, avec une désinvolture insouciante, elle ajouta :

– Et puis, tu sais, tant pis. Moi je m’embête, je veux m’amuser un peu. Si tu crois que c’est drôle de rester toujours seule. D’abord, j’ai besoin d’hommes ; vois-tu, ça m’a repris.

Page 171 : Lucie ne revit plus son amie. Maintenant elle restait chez elle tout le jour avec son Georges, se gorgeant de liqueurs et de sucreries. Elle ne s’intéressait plus à orner sa chambre ; sur le parquet, sur les meubles, partout traînaient des litres, des assiettes sales en piles, pleines d’os rongés, de couennes roulées en spirales.

Page 174-175 : – Tonnerre de Dieu ! Sacrée garce ! Je comprends maintenant pourquoi tu me demandais de l’argent. C’était pour entretenir Monsieur. Non ça, je ne veux pas ; je vais vous faire coffrer tous les deux ; la marmite et vous le maquereau, oui le maquereau.

Page 193 : Sous le cadran illuminé de grand’garde, devant l’enfilade réglementaire des fiacres, on débattait le prix. Le marché conclu, on gagnait rapidement la rue du Bois–Saint-Étienne et l’on montait. Lucie Thirache se livrait ainsi, au premier venu, pour vingt francs.

Page 199 : Tantôt ces songeries se modifiaient, et un horizon si bourgeois lui semblait mesquin. Ce qui lui fallait alors c’était Paris, la noce à outrance, la vie élégante et fastueuse. Elle pensait aux délices que devait renfermer cette ville idéale dont les commis-voyageurs parlaient avec un enthousiasme vague. À Paris, son luxe la ferait bientôt remarquer. Toutes les avances seraient éconduites impitoyablement, jusqu’au jour où s’offrirait à elle l’amant attendu, capable de se donner tout entier, de lui procurer toutes les richesses, de vivre à ses pieds avec une adorante soumission. Bien d’autres idées lui venaient encore, différentes, contraires, souvent toutes à la fois. Mais, toujours dans ses rêves, elle se voyait aux bras d’un homme, et le bonheur lui paraissait reposer sur l’affection d’un garçon jeune et fort, qui saurait avoir pour elle l’exquise tendresse de Léon avec des vigueurs bien autrement voluptueuses.

Pages 213-214 : Lucie regardait le mur sans voir ; machinalement elle répétait tout bas les phrases de l’homme qui lui semblaient harmonieuses. L’émotion de la nuit, sa rage durant des heures l’avait brisée. Elle ne pensait plus, impuissante à former une idée. Vainement elle essayait résister par le raisonnement aux tentatives du garçon, bientôt elle retombait dans une torpeur avachie, et se laissait bercer par les discours de Zéphyr, qui acquéraient en son esprit une croissante vigueur. Puis, toute à ses réflexions, elle n’écouta plus. Elle songeait à la possibilité d’une vie honnête et calme, qu’elle imaginait charmante. Seulement des lambeaux de phrases lui arrivaient que Zéphyr lançait plus haut. Maintenant il dépeignait la félicité d’un ménage à deux : « C’est pas moi qui vous mépriserais : il faut bien vivre, n’est-ce pas ; je ne vous reprocherais jamais rien, je vous aime trop pour ça… Il n’y aurait jamais de querelles… On vivrait si tranquille, qu’on nous prendrait pour des gens mariés… Les dimanches on irait se promener bras-dessus, bras dessous… La semaine, tous les matins, on se rendrait ensemble au travail… Et puis, elle pouvait toujours essayer, ça n’engageait à rien. »

Lucie se sentait enlacée, pressée amoureusement. Une voix chevrotante, bien humble, répétait : « Eh bien, dites, voulez-vous, dites, voulez-vous. »

Elle, toute espérante, enchantée de cet avenir naïvement vertueux et honorable, confiante en une existence heureuse et tranquille, qui l’abriterait des mépris et des brutalités, se jeta dans les bras de Zéphyr brusquement, par reconnaissance pour ses promesses d’amour, les seules entendues ainsi formulées depuis Léon.

Page 227 : C’est que Lucie sentait décroître son attachement pour Zéphyr. D’abord, dans la reprise de ses vieux projets, elle avait place très haut son amant : pour lui surtout elle rêvait s’enrichir. Mais, déjà, elle s’avouait que cet homme ne lui plaisait plus. Comme les autres, il cherchait à l’exploiter, et puis, franchement, elle s’était fait illusion. Il n’était ni beau, ni spirituel. Tout au plus lui avait-il marqué, un jour, une grande bonté d’âme. Et cette bonté, elle l’avait payée, n’est-ce pas, et d’un juste prix. Peut-être même l’espérance du paiement avait seule poussé le garçon à cette compassion subite.

Pages 228-229 : Dans son commerce continu avec elles il devint brutal. Il avait des expressions violentes, des grimaces furieuses. Et ce mélange de bonhomie et de violence intimidait Lucie, avait sur elle une grande prise. Elle n’osait plus rien refuser. Depuis longtemps, il avait quitté l’épicerie : le patron, fatigué de ses inexactitudes et de sa paresse, l’avait chassé. Ce fut alors la femme qui paya tout, la mangeaille, les filles, les habits, le tabac. Bientôt même Zéphyr lui prit ses recettes, criant et se fâchant, quand elle hésitait à lui remettre tout l’argent gagné. Chaque jour, au déjeûner [sic], c’étaient des réclamations sans fin, des criailleries. Et, dans le flot de ses injures, Zéphyr aggravait sans cesse le même reproche : il accusait Lucie de l’avoir perverti.

Page 233 : Un repos continu, l’arrêt momentané des fatigues charnelles la remirent sur pied. L’enflure de l’abdomen disparut complètement. Mais au sommet de l’occiput, Lucie devait ramener ses cheveux en haut chignon, suivant la mode, pour dissimuler la tache brune, qui chaque jour grandissait.

Lorsqu’elle put sortir, elle recommença se vendre à tous, entretenir son amant.

Pages 235-236 : Comme trois heures sonnaient à l’horloge de l’hôpital Sainte-Eugénie, une douleur éveilla Lucie Thirache. Quelques instants elle resta immobile, toute gémissante, cherchant à rappeler le sommeil qui s’enfuyait. Mais bientôt, elle sentit au bras gauche une sorte de broiement ; ses os semblaient éclater dans une étreinte qui ne cessait pas. Elle dut étendre le bras sur les couvertures, et ce mouvement la tira de sa torpeur.

Il était bien pénible ne pouvoir reposer après une telle fatigue ! Elle était si lasse ! Toute la journée, elle avait souffert à la suite de l’opération du matin : l’extraction d’un os à la jambe. Quelle terrible maladie. Elle sentait partout des lancinements et des brûlures. Les os s’effritaient, se cassaient, perçaient ses chairs. La peau semblait trop étroite pour ses membres gonflés, la pressait en une gêne continuelle. Et sa nuque, endolorie par une même position gardée trop longtemps, avait une raideur intolérable. Elle allait essayer changer sa tête de place, très doucement, car la plaie du crâne suppurait fort, et elle était mouillée jusque dans le cou.


  1. Voir Éléonore Roy-Reverzy, Portrait de l’artiste en fille de joie : la littérature publique, Paris, CNRS éditions, 2016.↩︎

  2. Voir Roswitha Lang, Romans de la prostitution : Eine Analyse der Fiktion in Bezug auf die Realität im 19. Jahrhundert, mémoire de maîtrise, Université de Vienne, 2010.↩︎

  3. Mireille Dottin-Orsini, « L’amour de la femme vénale : la prostituée et “l’homme qui n’est pas de son milieu” », Littérature, no 64, 2011, p. 203.↩︎

  4. Paul Adam, Chair molle, Bruxelles, Auguste Brancart, 1885. Dorénavant, les références à cet ouvrage seront indiquées entre parenthèses dans le corps du texte par le sigle CM, suivi du numéro de la page.↩︎

  5. Voir Joan C. Tronto, « Du care », Revue du MAUSS, vol. 2, no 32, 2008, p. 243-265.↩︎

  6. Ibid., p. 249-250.↩︎

  7. Valentine Coppin, Paul Adam. L’écrivain, la littérature, le genre, thèse de doctorat, Université de Lille, 2019, p. 374.↩︎

  8. Marjorie Rousseau, « Exhibition de la marginalité et déviance du discours : les récits de la prostituée des années 1880 en France et en Espagne », TRANS -, no 13, 2012, p. 2.↩︎

  9. Ibid., p. 3.↩︎

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Le 𝐽𝑜𝑢𝑟𝑛𝑎𝑙 𝑑’𝑢𝑛𝑒 𝑓𝑒𝑚𝑚𝑒 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑚𝑏𝑟𝑒, ou le 𝑐𝑎𝑟𝑒 ambivalent de la domesticité

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