Caricature du corps-đđđđ dâune nourrice Ă lait dans « Au Luxembourg » (1906) de Markous
Myriam Bouroche et Sanna Mansouri
« Au Luxembourg » est un dessin de Markous paru dans le journal Le Rire, le samedi 17 fĂ©vrier 19061. Markous est un des pseudonymes utilisĂ©s par le peintre cubiste Ludwik Kazimierz WĆadysĆaw Markus, nĂ© en Pologne en 1878 (ou en 1883) et mort en France en 19412. Ayant Ă©migrĂ© Ă Paris en 1903, il y a gagnĂ© sa vie en faisant des caricatures pour la presse. Ses dessins sont signĂ©s Markous, Markus ou Louis Marcoussis, la version francisĂ©e de son nom3. Hebdomadaire humoristique, Le Rire est publiĂ© en France entre 1894 et 1971, et son lectorat est essentiellement masculin4. Il se compose dâillustrations en noir et blanc, de quatre pleines pages en couleur (dont la Une et la derniĂšre de couverture) et de brefs textes. Il compte douze Ă quinze pages dans un format Ă peine plus grand que le papier A4. LancĂ© Ă Paris pendant la Belle Ăpoque, Le Rire apparaĂźt Ă un moment oĂč les Français vivent plusieurs bouleversements culturels et techniques, quâon pense aux Expositions universelles en 1889 et 1900, Ă lâaffaire Dreyfus en 1894, Ă lâinvention du cinĂ©matographe par les frĂšres LumiĂšre en 1895, Ă la Loi de sĂ©paration de lâĂglise et de lâĂtat en 1905 ou Ă la traversĂ©e de la Manche par BlĂ©riot en 1909.
Dans notre Ă©tude de lâimage de Markous, nous nous intĂ©resserons Ă la reprĂ©sentation du corps-care de la nourrice Ă lait en nous basant sur lâapproche intersectionnelle et lâĂ©thique du care, qui nous permettront de mieux comprendre les valeurs et les mĆurs caricaturĂ©es5. Le travail du care effectuĂ© par une nourrice sâavĂšre contraignant pour son corps et rĂ©vĂšle des enjeux de genre, de classe et de race que nous aborderons successivement.
Lâillustration en couleur de Markous occupe une pleine page de lâhebdomadaire, ce qui montre lâimportance que lâĂ©diteur accorde Ă son travail. Une nourrice noire est assise sur un banc au jardin du Luxembourg. Elle allaite un bĂ©bĂ© devant les yeux dâune fillette debout sur le banc. Cette image est Ă la fois une caricature de la nourrice et de la situation puisque la scĂšne reprĂ©sentĂ©e pourrait ĂȘtre rĂ©elle, sous une forme exagĂ©rĂ©e, et Ă©corche sans doute les mĆurs et valeurs de lâĂ©poque. LâexagĂ©ration des proportions tĂ©moigne de la caricature : la nourrice occupe prĂšs de la moitiĂ© gauche de lâillustration alors que la fillette ne reprĂ©sente quâĂ peine le quart droit de lâimage, et le visage de la premiĂšre, pourtant de profil, est trois fois plus grand que celui de la deuxiĂšme.
Lâallaitement et lâĂ©change de regards entre la nourrice et la fillette, les deux points de focalisation de cette image, sont le cĆur de la caricature et orientent lâobservateur sur les mĆurs et valeurs moquĂ©es ici. Lâallaitement est la partie la plus lumineuse du dessin : le chemisier blanc de la nourrice, la layette dâun beige clair et la peau laiteuse du bĂ©bĂ© forment un triangle au sommet duquel ressort la poitrine de la nourrice quâon laisse deviner par le losange visible de sa peau. Les yeux de la nourrice sont plissĂ©s, comme amusĂ©s (ses lĂšvres entrouvertes semblent aussi sourire), et ceux de la fillette, deux billes dont la rondeur est accentuĂ©e par ses sourcils en accent circonflexe, expriment une curiositĂ© naĂŻve et gourmande6 (rendue aussi par sa position debout sur le banc, le buste penchĂ© vers lâavant), mĂȘlĂ©e de pudeur (sa bouche esquissant une moue et ses mains Ă©tant croisĂ©es sur le sternum).
La dimension genrée du métier de nourrice
Il y a une dimension genrĂ©e liĂ©e au mĂ©tier de nourrice ; comme femme et comme mĂšre, sa nature lâassigne Ă lâallaitement, Ă ce type de care. Lâorigine du mĂ©tier de nourrice Ă lait (ou wet nursing en anglais) repose sur un tabou : la femme qui allaite ne peut avoir de relations sexuelles. Dans les milieux aisĂ©s, le mari sâoppose Ă ce que sa femme allaite et impose une mise en nourrice, dĂ©chargeant sur une autre femme le tabou du sexe pendant la lactation7. En Europe, des femmes esclavisĂ©es servent de nourrice Ă lait dĂšs le XVIIe siĂšcle. Aux XVIIIe et XIXe siĂšcles en France, les bĂ©bĂ©s issus de classes aisĂ©es sont envoyĂ©s Ă la campagne, auprĂšs de femmes de milieux moins privilĂ©giĂ©s, mais pouvant les allaiter, car elles-mĂȘmes ont un nourrisson. Dans le livre LâĆdipe noir, lâanthropologue Rita Lauro Segato analyse cette tradition europĂ©enne qui sâest rĂ©pandue en AmĂ©rique avec la Traite des Noirs8. Sur ce continent, le liquid gold des nourrices noires est strictement rĂ©servĂ© aux nourrissons blancs, leurs propres enfants devant se contenter de lait de vache. La maternitĂ© biologique de la nourrice noire est rejetĂ©e et celle-ci se voit imposer un « masque blanc », pour reprendre lâexpression de Frantz Fanon ; elle est forcĂ©e de faire sienne lâidĂ©ologie raciste que lâintĂ©rĂȘt de lâenfant blanc passe avant celui de lâenfant noir9. Cette pratique permet de cliver le mythe du care ou du soin aimant de la nourrice, qui apparaĂźt alors comme la mauvaise mĂšre privant ses propres enfants de son lait pour le donner aux bĂ©bĂ©s blancs10.
Lâappartenance de la nourrice Ă une classe sociale dĂ©favorisĂ©e
Ătudions les accessoires de lâhabillement des personnages, car ils dĂ©notent les valeurs et normes dâune sociĂ©tĂ© en matiĂšre dâĂȘtre et de paraĂźtre, crĂ©ant une distinction de classes sociales. La tĂȘte de la nourrice est couronnĂ©e par un bonnet de tissu bouffant blanc. Celle de la fillette est couverte dâun chapeau Ă larges bords et rubans. Ces couvre-chefs diffĂ©rents marquent lâĂ©cart de classe entre les deux femmes, le bonnet bouffant Ă©tant souvent utilisĂ© comme bonnet de nuit, donc comme couvre-chef intime, non destinĂ© Ă ĂȘtre portĂ© en public. JusquâĂ la PremiĂšre Guerre mondiale en France, le chapeau est en fait un Ă©lĂ©ment indispensable de la toilette des femmes de la bourgeoisie11. Son absence signale au regard du passant lâouvriĂšre, la domestique ou la nourrice qui sort, comme on disait Ă lâĂ©poque, « en cheveux » ou tĂȘte nue. Soulignons quand mĂȘme le choix de la couleur du bonnet : le blanc confĂšre Ă la nourrice un certain air de saintetĂ©, en lâaurĂ©olant, et participe aussi Ă sa dĂ©sexualisation. Cette image rappelle dâailleurs les reprĂ©sentations de la Vierge allaitante (Galaktotrophousa en grec ou Virgo lactans en latin), une variante iconographique de la peinture chrĂ©tienne de la Vierge Ă lâEnfant, dont on retrouve des reprĂ©sentations depuis le IIe siĂšcle12. Ă cet Ă©gard, lâimage de Markous caricature la pseudo harmonie raciale de la sociĂ©tĂ© française coloniale de lâĂ©poque13.
Les gants sont un autre accessoire qui marque la diffĂ©rence de classe sociale entre les deux personnages de lâiconographie. Les mains gantĂ©es de la fillette (remarquons lâattache sous le poignet droit) et les mains nues de la nourrice font encore une fois contraste pour rappeler quâune femme de la bourgeoisie ne montrait pas ses mains en public, contrairement Ă la nourrice. Par ailleurs, observons les lignes droites horizontales formĂ©es par le banc alors que plus de la moitiĂ© de lâimage est dans la verticalitĂ©. Les trois personnages partagent ce mĂȘme banc qui est composĂ© dâune double assise parallĂšle avec, en son centre, un dossier commun. La nourrice est sur lâune des assises Ă lâavant de lâimage ; la fillette est sur lâautre, en arriĂšre ; la ligne droite du dossier qui les sĂ©pare trace symboliquement lâĂ©cart social entre elles.
La nourrice : une femme racisée
La femme noire prend soin dâune fillette et dâun bĂ©bĂ© blancs. La mĂȘme couleur de peau des enfants les associe Ă une seule fratrie. Elle les dĂ©signe aussi comme les enfants dâune famille en moyen dâembaucher une nourrice moins privilĂ©giĂ©e socialement. NaĂŻve et gourmande, la fillette fait une association entre la couleur de la peau de la nourrice et celle du lait : « Alors, câest du chocolat quâil boit ? » demande-t-elle. Cette question attire lâattention des lecteurs masculins sur lâallaitement, donc sur la poitrine de la femme, et suggĂšre quâil faut sâattarder Ă ce que boit le bĂ©bĂ©. Ce rapprochement nâest pas Ă©tranger au dĂ©but du XXe siĂšcle, le corps de lâindividu noir Ă©tant associĂ© au chocolat dans lâimaginaire collectif : le premier clown noir de la scĂšne française sâappelle Chocolat et la marque française de boisson et de produits chocolatĂ©s Banania affiche une femme antillaise sur ses boĂźtes de cacao14.
Bien quâen 1848, la France ait aboli lâesclavage et Ă©noncĂ© dans sa Constitution que « [t]ous les citoyens sont Ă©galement admissibles Ă tous les emplois publics, sans autre motif de prĂ©fĂ©rence que leur mĂ©rite, toute distinction de naissance, de classe ou de caste Ă©tant abolie », il reste quâau dĂ©but du XXe siĂšcle les colonies françaises sâĂ©tendent encore sur prĂšs du quart du continent africain15. Autrement dit, le racisme anti-noir Ă Paris est encore fortement prĂ©sent au moment de la parution de ce dessin de Markous.
Ă cette Ă©poque, un autre stĂ©rĂ©otype persiste dans lâimaginaire occidental, celui de la « Mammy », une femme corpulente noire. Domestique dĂ©vouĂ©e, elle est heureuse de servir une famille blanche, de materner et de favoriser les enfants dâautrui au dĂ©triment des siens. Elle tolĂšre tout et ne se fatigue jamais. Tous les clichĂ©s de la Mammy16, autant sur le plan de son apparence physique que sur le plan de son comportement, semblent ressortir dans lâimage de Markous. Dans le discours colonial de lâĂ©poque, ce genre de stĂ©rĂ©otype permet de justifier la capacitĂ© des femmes noires Ă servir et Ă endurer la souffrance pour ceux qui les emploient, Ă©tant, par essence ou par nature, prĂ©disposĂ©es Ă la domesticitĂ©.
MĂȘme si lâimage montre un triangle de peau nue et Ă©voque une poitrine opulente, puisque gonflĂ©e par le lait, dans lâimaginaire collectif, les traits physiques de la Mammy la dĂ©sexualisent17. Cette caricature joue sur cette contradiction, mais, dans les deux cas, on renvoie la nourrice Ă sa corporĂ©itĂ© et Ă un corps mis uniquement au service dâautrui : le care du bĂ©bĂ© et le care du dĂ©sir masculin. Lâabsence dâĂ©rotisation de la nourrice noire avantage la femme blanche ainsi que son noyau familial, qui demeure prĂ©servĂ© de la tentation sexuelle que pourrait reprĂ©senter lâintroduction dâune autre femme dans lâintimitĂ© du foyer domestique. Il est prĂ©supposĂ© quâaucun homme blanc raisonnable ne choisirait cette femme noire au lieu dâune femme blanche qui correspondrait, elle, aux critĂšres de beautĂ© de lâĂ©poque. La dĂ©sexualisation de la nourrice noire prĂ©serve aussi la morale pudique de lâĂ©poque : aucune femme convenable blanche nâallaite et nâexpose sa peau en public.
Cette image paraĂźt nĂ©anmoins Ă la fin dâune pĂ©riode artistique oĂč le corps des femmes noires est habituellement fĂ©tichisĂ© et hypersexualisĂ©, cĂ©lĂ©brant leurs sensualitĂ© et animalitĂ©, et suggĂ©rant dans lâimaginaire de lâĂ©poque que ces femmes auraient des mĆurs sexuelles dĂ©bridĂ©es dans une mise en scĂšne exotique18. On peut donc extrapoler quâĂ travers ce dessin Markous dĂ©nonce peut-ĂȘtre le lecteur masculin qui se voit perchĂ© sur le banc, comme la fillette, avec une vue plongeante sur la poitrine, ou qui se projette mĂȘme Ă la poitrine de la nourrice. Regardons la diffĂ©rence du traitement de la nuditĂ© de la nourrice et celle de la fillette : lâĂ©vocation des seins dĂ©vĂȘtus de la premiĂšre passe par un losange de peau dĂ©nudĂ©e au niveau de sa poitrine ; la nuditĂ© de la fillette qui, en se penchant, expose son derriĂšre nâest quant Ă elle pas reprĂ©sentĂ©e dans le dessin, cette vue Ă©tant prĂ©servĂ©e du regard par sa jupe en corolle.
La nourrice : assignĂ©e au care dâautrui
Ainsi, le corps dâune nourrice Ă lait subirait une domination de genre, modulĂ©e par les hiĂ©rarchies de classes et de races. En 2011, Elsa Dorlin prĂ©cise que toutes les femmes subissent une mĂȘme domination de genre, mais que, parmi elles, des femmes altĂ©risĂ©es, câest-Ă -dire racisĂ©es, migrantes ou issues de milieux dĂ©favorisĂ©s, sont historiquement et systĂ©matiquement assignĂ©es aux emplois domestiques19. Et elles le sont encore puisque, au dĂ©but du XXIe siĂšcle, le stĂ©rĂ©otype de la Mammy, caricaturĂ© par Markous en 1906, semble encore ancrĂ© dans lâimaginaire collectif20 et sert aussi Ă justifier lâassignation de leurs corps au care domestique dâautrui.
Par ailleurs, la nourrice de Markous travaille sans doute au domicile des parents, prenant soin aussi, en sus de leurs enfants, des tĂąches domestiques, donc du « sale boulot » que le sociologue amĂ©ricain Everett Hughes a dĂ©fini par les corvĂ©es physiques, considĂ©rĂ©es moins honorables, quâon veut Ă©viter de faire et quâon dĂ©lĂšgue Ă dâautres21. On peut prĂ©sumer que les responsabilitĂ©s de cette nourrice sont larges, allant du maternel, Ă lâĂ©ducatif, au sanitaire et au mĂ©nager, rendant tĂ©nue, voire incertaine, la frontiĂšre entre ses activitĂ©s de soin et ses activitĂ©s mĂ©nagĂšres. En 2009, Sandra Laugier met en garde contre lâillusion dâopĂ©rer une division nette, dans le travail de care domestique, entre un care Ă©motionnel et un care de service ; le premier, la prĂ©rogative des femmes blanches et aisĂ©es financiĂšrement, le deuxiĂšme, « le sale boulot », dĂ©lĂ©guĂ© aux « autres », des femmes de couches sociales subalternes22. Le mĂ©tier de nourrice illustre la difficultĂ© dâĂ©tablir une limite entre care de service et care Ă©motionnel ; quâest-ce qui du care maternel et du care mĂ©nager, pris en charge par la nourrice, relĂšve du care de service ou du care Ă©motionnel ? GeneviĂšve Fraisse rajoute Ă cet effet : « On ne peut pas partager entre deux femmes un travail et le rĂŽle quâil sous-tend23. »
De nos jours, ĂȘtre nourrice reste un mĂ©tier de femmes racisĂ©es et/ou issues de classes sociales prĂ©caires. En 2013, selon un rapport de lâOrganisation internationale du travail, 75 % de tous les travailleurs domestiques migrants sont des femmes, et ce, dans toutes les rĂ©gions du monde24. En France, excluant les personnes issues de lâimmigration, 14,5 % des salariĂ©s du secteur des services Ă la personne sont nĂ©s Ă lâĂ©tranger (câest 5,5 % pour les autres secteurs professionnels)25. Durant la rĂ©cente pandĂ©mie, lâimage de la prĂ©posĂ©e aux bĂ©nĂ©ficiaires, noire, qui se valoriserait en prenant soin des autres, est sans doute le prolongement de la figure de la nourrice de Markous26. Le discours social qui violente le corps des femmes racisĂ©es, les rĂ©duisant Ă la domesticitĂ©, au service, nâa donc pas vraiment changĂ©. Il justifie encore lâinstrumentalisation et la capitalisation du corps de la femme noire Ă cette forme de care pour autrui. Le maintien de ce stĂ©rĂ©otype permet Ă des systĂšmes dâoppression comme le colonialisme et le nĂ©o-colonialisme de se dĂ©culpabiliser et de conserver des structures qui perpĂ©tuent le racisme et le sexisme. Anis, le corps-care de la nourrice continue de soulever des questions sociales et politiques.
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La date de naissance de Louis Marcoussis varie selon les sources consultĂ©es. Voir, entre autres, le site de la BNF, « Louis Marcoussis (1883 ?-1941) », BNF Data, 2021, <https://data.bnf.fr/fr/12029689/ louis_marcoussis/> (page consultĂ©e le 12 juin 2021) et la page de WikipĂ©dia, « Louis Marcoussis », 2021, <https://en.wikipedia.org/wiki/Louis_Marcoussis> (page consultĂ©e le 12 juin 2021).â©ïž
On lui doit, entre autres, les eaux-fortes cubistes de la rĂ©Ă©dition de 1918 dâAlcools de Guillaume Apollinaire, un ami compatriote polonais, ayant lui aussi francisĂ© son nom. Voir Ă cet effet François Xavier, « Alcools : le cubisme poĂ©tique dâApollinaire & Marcoussis », Le Salon littĂ©raire, 29 octobre 2018, http://salon-
litteraire.linternaute.com/ (page consultĂ©e le 9 juin 2021). â©ïžfr/ guillaume- apollinaire/ review/ 1948048- alcools- le- cubisme- poetique- d- apollinaire- marcoussis Voir la page que consacre WikipĂ©dia Ă lâhebdomadaire parisien, « Le Rire », 2021, <https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Rire> (page consultĂ©e le 12 juin 2021).â©ïž
Sur lâintĂ©rĂȘt de lâapproche intersectionnelle pour Ă©tudier la condition des domestiques migrantes et/ou racialisĂ©es, voir Sophie Blanchard, « IntersectionnalitĂ©, migrations et travail domestique : lectures croisĂ©es en France et aux Ătats-Unis », EchoGĂ©, no 30, 2014, https://doi.org/
10.4000/ (page consultĂ©e le 9 juin 2021) et sur la diffĂ©rence dans lâapplication de cette approche dans les fĂ©minismes anglo-saxons et francophones, voir Chantal MaillĂ©, « Approche intersectionnelle, thĂ©orie postcoloniale et questions de diffĂ©rence dans les fĂ©minismes anglo-saxons et francophones », Politique et SociĂ©tĂ©s, vol. 33, no 1, 2014, p. 41-60, <https://doi.org/10.7202 /1025586ar> (page consultĂ©e le 9 juin 2021).â©ïžechogeo. 14073 Notamment en regard au sous-titre « Alors, câest du chocolat quâil boit ? ».â©ïž
En Occident, ce tabou nâest pas encore complĂštement tombĂ© ; le corps maternel et le corps sexuel des femmes sont encore sĂ©parĂ©s. Cette division des fonctions du corps entre maternitĂ© et sexualitĂ© est basĂ©e sur les dichotomies suivantes : bon/mauvais, pur/impur, vierge/putain et maternage/sĂ©duction. Et le sein allaitant, dans lâespace public, brouille ce quâil reprĂ©sente habituellement, câest-Ă -dire un symbole sexuel pour les hommes hĂ©tĂ©rosexuels. Voir Chantal Bayard, Les reprĂ©sentations sociales de lâallaitement maternel, mĂ©moire de maĂźtrise, MontrĂ©al, UQAM, 2008, p. 37 et 40, <https://archipel.uqam.ca/1480/1/M10531.pdf> (page consultĂ©e le 12 juin 2021). Notons que, Ă la fin du XIXe et au dĂ©but du XXe siĂšcles, lâallaitement par une nourrice disparaĂźt progressivement avec lâinvention du lait maternisĂ© et lâutilisation des biberons.â©ïž
Voir Rita Lauro Segato, LâĆdipe noir, des nourrices et des mĂšres, Paris, Payot, 2014.â©ïž
CĂ©cile Gauthier, « Dans les bras de la nourrice : black mammies, enfants blancs, un âcorps-Ă -corpsâ ambigu », Textes et contextes, vol. 12, no 2, 2017, paragraphes 3, 9 et 10, <http://preo.u-bourgogne.fr/
textesetcontextes/ > (page consultĂ©e le 12 juin 2021).â©ïžindex.php?id=1614 Kamna Kirti, « The Tragic Plight of Enslaved Wet Nurses. How Black mothers were systemically deprived of breastfeeding their own children », Lessons from History, 2 aoĂ»t 2020, <https://medium.com/
lessons- > (page consultĂ©e le 12 juin 2021). On peut dâailleurs faire un parallĂšle avec la figure de la nounou dans le roman Chanson douce de Leila Slimani (Paris, Gallimard, 2016), oĂč Louise se dĂ©voue corps et Ăąme Ă Mila et Adam, mais ignore sa propre fille.â©ïžfrom- history/ the- tragic- plight- of- enslaved- wet- nurses- b1c80b73f290 Au sujet des accessoires de mode en vogue Ă Paris en 1900, voir entre autres, WikipĂ©dia, « Mode en 1900 », WikipĂ©dia, 2021, <https://fr.wikipedia.org/
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wiki/ > (page consultĂ©e le 12 juin 2021).â©ïžVierge_ du_ lait CĂ©cile Gauthier, loc. cit., note 8.â©ïž
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Pour des galeries dâimages sur le stĂ©rĂ©otype de la Mammy, voir la page « Mammy Stereotype Images and Video » du Jim Crow Museum of Racist Memorabilia, Ferris State University, 2021, <https://www.ferris.edu/
HTMLS/ > (page consultĂ©e le 12 juin 2021). â©ïžnews/ jimcrow/ mammies/ more/ homepage.htm Sur la reprĂ©sentation des corps racisĂ©s dans lâart occidental, voir Marie Lavin et DaniĂšle Perez, « Lâimage des Noirs dans lâart occidental (partie 1) », Paragone, 2 juin 2019, <https://paragone.hypotheses.org/4694> (page consultĂ©e le 12 juin 2021) et « Lâimage des Noirs dans lâart occidental (partie 2) », Paragone, 16 avril 2020, <https://paragone.hypotheses.org/5121> (page consultĂ©e le 12 juin 2021) ; ARTE, « Personnage stĂ©rĂ©otypĂ©, Ă©rotisĂ© ou politique : lâexposition Corps noir, regard blanc du musĂ©e dâOrsay revient sur la figure noire dans lâart », ARTE Info, la page Facebook, 11 avril 2019, <https://fb.watch/3mYjtKaJE9/> (page consultĂ©e le 12 juin 2021).â©ïž
Voir Elsa Dorlin, « Dark care : de la servitude Ă la sollicitude », dans Patricia Paperman et Sandra Laugier (dir.), Le souci des autres. Ăthique et politique du care, Paris, EHESS, coll. « Raisons pratiques », 2011, p. 117-127, <https://books.openedition.org/
editionsehess/ > (page consultĂ©e le 9 juin 2021). Voir aussi le livre de Kimberly Wallace-Sanders, Mammy : a Century of Race, Gender, and Southern Memory, Ann Arbor, The University of Michigan Press, 2008, ainsi que le livre de Kimberly Cleveland, Black Women Slaves Who Nourished a Nation : Artistic Renderings of Wet Nurses in Brazil, Amherst, Cambria Press, 2019.â©ïž11656?lang=fr Sur la survivance au XXIe siĂšcle des stĂ©rĂ©otypes sur les femmes noires, voir Yann Le Bihan, Femme noire en image : racisme et sexisme dans la presse française actuelle, Paris, Hermann, 2011. Sur la survivance de lâassignation du corps des femmes noires aux mĂ©tiers du care, voir AlizĂ©e Delpierre, « âLes Noires sont sales, par contre, elles font de bonnes nounousâ : dans lâemploi domestique, des stĂ©rĂ©otypes tenaces », The Conversation, 18 dĂ©cembre 2020, note 23, <https://theconversation.com/
les- > (page consultĂ©e le 12 juin 2021) ainsi que le billet de Mrs Roots, « Care et femmes noires # 3 : Plus au service du care quâelles nâen bĂ©nĂ©ficient », Mrs Roots, 27 novembre 2015, <https://mrsroots.fr/noires- sont- sales- par- contre- elles- font- de- bonnes- nounous- dans- lemploi- domestique- des- stereotypes- tenaces- 150191 2015/ > (page consultĂ©e le 12 juin 2021).â©ïž11/ 27/ care- et- femmes- noires- 3- plus- au- service- du- care- quelles- nen- beneficient/ Everett C. Hughes, « Good People and Dirty Work », Social Problems, vol. 10, no 1, 1962, p. 3-11, <https://www.jstor.org/stable/799402> (page consultĂ©e le 12 juin 2021).â©ïž
Sandra Laugier, « Le care comme critique et comme féminisme », Travail, genre et sociétés, vol. 26, no 2, 2011, p. 125, <https://www.cairn.info/
revue- > (page consultĂ©e le 12 juin 2021).â©ïžtravail- genre- et- societes- 2011- 2- page- 183.htm GeneviĂšve Fraisse, Service ou servitude. Essai sur les femmes toutes mains, Lormont, Le Bord de lâeau, 2009, p. 48. Lâitalique est dans le texte original.â©ïž
Voir le rapport de lâOrganisation internationale du travail, Estimations mondiales de lâOIT concernant les travailleuses et les travailleurs migrants, 2013, <https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/documents/publication/wcms_436334.pdf> (page consultĂ©e le 12 juin 2021).â©ïž
Voir AlizĂ©e Delpierre, loc. cit.â©ïž
Pour la situation en France, voir Caroline Ibos, « Les ânounousâ africaines et leurs employeurs : une grammaire du mĂ©pris social », Nouvelles Questions FĂ©ministes, vol. 27, no 2, 2008, p. 25-38, <https://www.cairn.info/
revue- > (page consultĂ©e le 12 juin 2021) et, pour la situation au QuĂ©bec, voir Marlihan Lopez et Laity Fary Ndiaye, « QuĂ©bec, who cares ? », Ricochet, 12 mai 2020, <https://ricochet.media/nouvelles- questions- feministes- 2008- 2- page- 25.htm fr/ > (page consultĂ©e le 12 juin 2021).â©ïž3106/ quebec- covid19- racisme- coronavirus- caring