À lire : « Lumière sur les Atsem, ces actrices de l’ombre des écoles maternelles »

Le journal The Conversation publie un article sur les agentes territoriales spécialisées des écoles maternelles (Atsem) en France signé par Fabienne Montmasson Michel, maîtresse de conférences en sociologie à l’Université de Poitiers. L’article, à lire en ligne, jette la lumière sur une figure du care peu connue, qui œuvre pourtant auprès des enfants dans le milieu scolaire depuis le XIXᵉ siècle.

Extrait :

La présence d’une « femme de service » apparait dès 1838 dans la législation sur la salle d’asile. Cette institution philanthropique a précédé l’école maternelle instituée par les lois scolaires des années 1880, dites lois Ferry. La femme de service doit balayer, aérer, allumer le poêle le matin (et donc arriver une heure avant). Mais dès le XIXe siècle, comme l’a montré Henri Petit, dans des établissements où les enfants sont nombreux et où l’encadrement est faible, on lui confie des tâches qui la rapprochent des enfants. Elles vont les garder (en fin de journée, les jours fériés, quand la directrice est occupée, etc.), puis, progressivement, se charger des soins corporels.

Dans la deuxième partie du XXe siècle, l’école maternelle se massifie et se transforme. L’introduction d’un abondant matériel pédagogique dans les classes rend nécessaires de nouvelles tâches d’entretien (nettoyage, préparation, rangement). Celles-ci sont attribuées aux femmes de service. Leur statut d’emploi évolue vers celui de fonctionnaires territoriales, dans le sillage des lois de décentralisation : elles deviennent Asem (agentes spécialisées des écoles maternelles) avec l’arrêté du 27 avril 1971 sur les emplois communaux, puis Atsem (t pour territorial) avec le décret du 28 aout 1992 qui va cadrer et définir officiellement leur métier pendant vingt-six ans.

Dans les dernières décennies du XXe siècle, l’école maternelle devient une étape propédeutique (préparatoire) à l’école élémentaire, et le langage y devient une priorité. Les enseignements se densifient et des activités en petits groupes très exigeantes sur le plan langagier et cognitif sont prescrites aux enseignant·e·s (conversations, phonologie, jeux mathématiques, etc.). Les Atsem entrent alors progressivement dans les classes : on leur confie l’installation puis, petit à petit, l’animation d’activités manuelles puis d’« ateliers de graphisme ».

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