Appel à contributions : 𝐿𝑒𝑠 𝑑𝑒́𝑐𝑙𝑖𝑛𝑎𝑖𝑠𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑢 𝑡𝑟𝑎𝑣𝑎𝑖𝑙 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑎 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑐𝑢𝑙𝑡𝑢𝑟𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑓𝑟𝑎𝑛𝑐𝑜𝑝ℎ𝑜𝑛𝑒 𝑎𝑢 𝑋𝑋𝐼𝑒 𝑠𝑖𝑒̀𝑐𝑙𝑒

Dominique Hétu et Élise Lepage dirigent un dossier de la revue Tangence sur les déclinaisons contemporaines du travail, notamment des tâches du prendre-soin. La date limite pour soumettre les propositions de textes est le 31 janvier 2024. L’appel à contributions intégral peut être consulté sur le site Web de Fabula.

Résumé :

En cette ère postpandémique caractérisée par un capitalisme décadent et la « überisation » de nombreux secteurs d’activités, de puissantes logiques (délocalisation, robotisation, segmentation, précarisation, externalisation, etc.) transforment les conditions et les lieux de travail ainsi que la compréhension même de concepts tels que « métier », « profession », ou « travail » – auquel on substitue de plus en plus les termes d’« activité » ou de « tâche » (Bernoux). En parallèle, alors que les mouvements syndicaux cherchent à redéfinir leurs rôles, on assiste à l’héroïsation souvent genrée de quelques rares figures telles que l’entrepreneur ou l’infirmière, ainsi qu’à la normalisation choquante d’une culture de la servitude ancrée dans le racisme systémique et global comme le révèlent, entre autres, les études sur les employées domestiques et les nounous (Ibos).Tout cela sans compter le développement de tout un lexique à mi-chemin entre les pratiques managériales et le développement personnel qui circule autant dans les plans stratégiques, les réunions de formation que les médias sociaux et les séries télévisées.

D’ailleurs, outre les perspectives davantage historiques (Viart, Grenouillet) qui tendent à dominer le savoir interdisciplinaire sur le travail, la pandémie de la Covid-19 a amplifié l’apport de la perspective du care à une resignification critique du travail et des tâches du prendre-soin. Nous croyons toutefois, à la lumière du savoir produit aux intersections du care et de l’activité créatrice et artistique contemporaine (DeFalco, Hétu, Ibos), que cette perspective dépasse le cadre du soin et peut servir à revoir les habitudes de pensée autour des situations de travail plus largement et de leurs enjeux contemporains, à dépasser le quotidien et à s’inventer de nouveaux modes de vie (Lequin). En ce sens, s’il est important de reconnaître que les enjeux contemporains liés au travail ainsi qu’aux mutations et précarités qui le sous-tendent ont été exacerbés pendant et suite à la pandémie de la COVID-19 (Nurock et Parizeau), il est nécessaire de rappeler qu’ils préoccupaient déjà les sciences humaines et sociales francophones. En effet, les études, entre autres, de Dominique Viart (2012), d’Aurélie Adler et de Martine Heck (2016), et de Corinne Grenouillet (2015) sur les écritures du travail en France, et ceux, au Québec, de Rachel Nadon (2020) sur les stéréotypes du « roman social » et de Camille Robert et Louise Toupin sur la reconnaissance du travail domestique (2017, 2018), sont de celles qui offraient déjà des avenues par lesquelles réfléchir les contemporanéités du travail.

Ainsi, les expériences et les savoirs contemporains du travail se déclinent à travers, voire en réaction à de nouvelles pratiques, nouveaux concepts, mots et récits. Par exemple, l’écriture comme travail − « comme un faire » (Pierrot) ou « comme un couteau » (Ernaux) − est un aspect cardinal que nous souhaiterions creuser au prisme du contemporain, tout comme l’écriture dutravail qui se pense comme « un partenaire de réflexion » (Viart), un prisme à travers lequel interroger la démocratie (Nadon), la précarité (Soucy), le néolibéralisme, la mondialisation, le féminisme (Hamrouni, Bourgault), le patriarcat (Arcan, Slimani), ou encore le colonialisme (Agnant, Fontaine, Magloire, Appanah). 

Ce numéro de revue se donne ainsi pour objectif de poursuivre et d’approfondir la réflexion sur les façons dont les productions culturelles contemporaines en français abordent, mobilisent etinterrogent le travail et ses multiples rapports au social, au corps, à la langue, à l’être-ensemble et à la construction du sujet. En d’autres termes, de quelles manières le rapport humain au travail – entendu au sens très large et conceptuel du terme – est-il exploré dans la littérature, les sciences humaines et les arts contemporains ?

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Parution : 𝑇𝑜𝑢𝑡𝑒 ℎ𝑖𝑠𝑡𝑜𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑑𝑒𝑢𝑖𝑙 𝑒𝑠𝑡 𝑢𝑛𝑒 ℎ𝑖𝑠𝑡𝑜𝑖𝑟𝑒 𝑑'𝑎𝑚𝑜𝑢𝑟

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Théâtre : 𝑇𝑟𝑒𝑚𝑏𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠 au Théâtre Espace Go