Collectif đ‘…đ‘’Ìđ‘đ‘–đ‘Ąđ‘  đ‘–đ‘›đ‘“đ‘’đ‘đ‘Ąđ‘’Ìđ‘ 

À votre service vous invite Ă  dĂ©couvrir le collectif RĂ©cits infectĂ©s, co-dirigĂ© par Catherine Mavrikakis, LĂ©onore Brassard et Benjamin Gagnon Chainey. Ce collectif d’écrivain.e.s porte notamment sur les enjeux de soins et du care connexes Ă  la crise du coronavirus qu’a connue le monde en 2020.


Egon Schiele, Homme nu Ă  la serviette rouge, 1914.jpg

Egon Schiele, Homme nu Ă  la serviette rouge, 1914.

Alors que la crise du coronavirus affecte l’ensemble de la population mondiale, c’est prĂ©cisĂ©ment une pensĂ©e de l’affect, une pensĂ©e affectĂ©e et infectĂ©e par des mots, qui a Ă©tĂ© invitĂ©e Ă  exister autrement. Pour ce faire, les textes du collectif RĂ©cits infectĂ©s tentent de prendre la mesure tragique, comique, porteuse d’utopies ou de dĂ©sastres de la crise, et de la traduire Ă  travers un rĂ©cit. Comment explorer cette pandĂ©mie selon une autre forme que celle de la pensĂ©e rationnelle, pour incarner plutĂŽt de plain-pied sa force affective ? Comment les expĂ©riences en temps de crise sont-elles indissociables de cette dimension de l’affect ? Comment, enfin, penser Ă  partir du rĂ©cit, une crise qui continue d’agir sur nous, pour voir les enjeux, les menaces et les espoirs qu’elle fait naĂźtre ? En faisant de leurs constructions symboliques et imaginaires esquissĂ©es dans l’urgence, les autrices et auteurs ont pris un risque : celui que l’impossible distance temporelle exige.

Une vingtaine d’écrivain.e.s se sont prĂȘtĂ©.e.s au jeu du collectif, et la teneur des textes, tout comme les formes qui les hantent et l’affectation de leur voix, se recoupent, puis s’éloignent. Des liens tentaculaires, Ă  la fois tacites et explicites, rĂ©sonnent ainsi dans et entre les textes. Au fil de leur dĂ©ploiement, les Ă©critures affectives du collectif – Ă  la fois infectĂ©es et affectĂ©es – nous donnent Ă  ressentir et penser comment les « crises Â» agissent Ă  la fois en elles-mĂȘmes et entre elles, mais aussi comment elles brouillent les frontiĂšres entre les corps humains, les corps des textes et les corps sociaux. Et les affects de se transformer en virus, donnant vie et voix aux textes, dans une inter-contamination qui permet de penser non seulement les bouleversements en temps de crise, mais aussi, Ă  son tour, l’écriture comme crise. Se profilent alors, dans le collectif, des liens interrogĂ©s face Ă  une famille distante ou retrouvĂ©e, tout comme d’acerbes critiques sociales teintĂ©es d’un humour grinçant. Et ressurgit aussi tout un imaginaire de l’enfance — souvenirs, contes, lĂ©gendes
 peut-ĂȘtre qu’un dĂ©tour par une forme plus archaĂŻque de notre rapport au monde permet de le rĂ©flĂ©chir alors qu’il est Ă  repenser, Ă  recrĂ©er? Force est enfin de constater que la teneur mĂȘme des rĂ©cits n’a pu qu’évoluer au fil des Ă©critures : si certain.e.s narrateurs et narratrices entrent Ă  peine en confinement, d’autres dĂ©jĂ  en voient la fin ; et les derniers textes reçus rĂ©sonnent avec l’indignation contre le racisme systĂ©mique et les brutalitĂ©s policiĂšres qui contaminent l’Occident depuis trop longtemps, alors que la mort tragique de George Floyd continue de galvaniser les mouvements de protestations anti-racistes Ă  travers le monde.

RĂ©cits affectĂ©s, rĂ©cits infectĂ©s, Ă©crits sur le vif, permettant les erreurs, les errements, les hantises, les folies de ces voix par moments pesĂ©es, rĂ©flĂ©chies et touchantes; et par d’autres : emportĂ©es, enragĂ©es, souffrantes, jouissantes — faire parler de telles voix a Ă©tĂ© le pari de ce collectif.  

Précédent
Précédent

𝐿𝑎 𝑝𝑟𝑎𝑡𝑖𝑞𝑱𝑒 𝑑𝑒 đ‘™â€™đ‘’Ìđ‘đ‘Ÿđ‘–đ‘Ąđ‘ąđ‘Ÿđ‘’